Episodios

  • Insoumises : un siècle de féminisme africain sous la colonisation
    Jul 18 2025

    La mémoire du continent vous raconte un siècle de combats de femmes africaines pour leurs droits. Nombreuses et déterminées, elles ont ferraillé dans un contexte colonial contre un double ennemi : le patriarcat et le système colonial et sa domination. Quelles formes de luttes, antérieures à la colonisation, menèrent les Africaines ?

    À rebours d’un récit peuplé d’idées reçues sur un féminisme africain qui serait importé, point historique ce dimanche sur ces batailles contre la domination et l’assignation et sur nombres de figures et d’icônes qui invalident ces on-dit.

    Avec la participation de :

    - Madina Thiam, historienne, professeure adjointe à l’Université de New York

    - Pascale Barthélémy, historienne, directrice d'études à l'EHESS (École des hautes études en sciences sociales), membre de l'Institut des mondes africains, auteure de « Sororité et colonialisme » (éd. La Sorbonne).

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    Elgas : Je souhaiterais parler d'un terme, un terme qui paraît évident aujourd'hui mais dont les premières mentions dans l'histoire sont finalement assez récentes. C'est le mot féminisme. Que pourrait-on déconstruire autour de ce mot ?

    Pascale Barthélémy : Alors je crois que déjà, il faut dire qu'on ne parle plus du féminisme mais des féminismes. Donc ça c'est une première chose. C'est-à-dire qu'on reconnaît aujourd'hui dans l'ensemble des sciences sociales la pluralité des formes de luttes de femmes, en fait. Alors des luttes de femmes qui peuvent prendre plusieurs dimensions, luttes pour les droits, luttes pour la visibilité, luttes pour la reconnaissance de leur existence dans les sociétés. Et donc je partage avec Madina Thiam l'idée de la nécessité de réhabiliter la place des femmes dans l'histoire des sociétés africaines. Même si le mot «matriarcat» renvoie à l'idée que les femmes auraient eu le pouvoir par rapport au patriarcat. Les deux mots sont en miroir, et ça je crois qu'on peut dire que ça n'est jamais vrai dans une société humaine. En revanche, que des femmes aient eu du pouvoir à un moment, une influence, qu'elles aient pu négocier de l'autonomie et que certaines aient pu même être des reines, des femmes économiquement très puissantes, c'est une évidence. Mais le féminisme, c'est un mot piégé parce qu'il est connoté péjorativement comme étant une importation occidentale. Mais je crois qu'en fait, derrière, ce sont les luttes des femmes à l'échelle de l'ensemble de la planète.

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  • Les Pygmées, communautés dans les griffes de l’Histoire
    Jul 11 2025

    Les Batwa, les Bakola, les Aka, les Bagyeli, entre autres, sont les noms locaux des communautés pygmées, peuples de la forêt, qu’on retrouve un peu partout dans la moitié sud du continent africain. Rapport vital et spirituel avec la forêt, nomadisme, relation avec les autres communautés, organisation sociale, place des femmes, conflits divers, fonciers, marginalisation et défis de l’inclusion politique à l’heure des pertes de repères…

    Loin des pensées faciles et stéréotypes tenaces, la mémoire du continent vous propose de raconter l’histoire des Pygmées pour mieux déconstruire des siècles de mythes, un siècle de contre-récit et le présent des défis.

    Avec la participation de :

    Bernard Aristide Bitouga, anthropologue, enseignant-chercheur à la Faculté des Lettres et Sciences Humaines de l’Université de Douala au Cameroun.

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    Elgas : J'aimerais qu'on fasse de l'ethnographie, de la description et de l'analyse. Qu'est-ce qu'un campement, par exemple, et quels rapports les communautés que vous étudiez ont-elles avec la forêt ?

    Bernard Aristide Bitouga : Déjà je vais vous surprendre en vous disant que le mot campement lui-même est aujourd'hui fortement remis en cause. Parce que si on s'en tient à la définition classique du campement, cela renvoie à une occupation temporaire d'un espace. Aujourd'hui, nous sommes complètement sortis du campement pour des villages structurés. Vous pouvez sur l'ensemble de l'année arriver, et vous trouvez ces communautés pygmées installées là de manière confortable. Donc la notion de campement, elle tenait encore lorsque effectivement cette transition tentait encore de se mettre en place, avec ces mots de semi-nomadisme. Mais aujourd'hui, je peux vous dire que le nomadisme, il a presque disparu pour laisser place à des communautés sédentaires qui ont des villages. Et dans le cas du Cameroun, elles ont même aujourd'hui des chefferies avec à leur tête des chefs traditionnels. La deuxième chose qu'il est important de relever ici, c'est cette double présence des Pygmées : avec le village qui est en bordure de route, c'est-à-dire que le village de proximité avec les Bantous, et l'autre village qui se trouve en forêt. Parce que les Pygmées, dans leur manière d'articuler leur rapport au monde, vivent une vie qui est à cheval entre la route qui est le village, le village moderne, et le village de forêt qui leur sert de base arrière, aussi bien pour un certain nombre de rituels que pour emmagasiner un ensemble de produits, notamment de la chasse, de la pêche et même de la récolte qu'on fait dans de la forêt primaire et qu'on stocke dans ces villages de forêt avant de pouvoir les rapatrier vers le village de la route.

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  • Luttes de décolonisation et guerre civile : la douloureuse libération angolaise
    Jul 4 2025

    La mémoire du continent fait cap sur l’Angola. Dans ce pays, ancien fief du commerce d’esclaves et où la reine Zingha a héroïquement et longuement résisté aux Portugais, pays riche en pétrole et en diamants, l’indépendance ne surviendra qu’en 1975. Décolonisation tardive donc, quinze années après les vagues africaines. Mais la libération tant désirée n’offre qu’un bref répit et inaugure le long cycle tragique d’une guerre civile. Vingt-sept ans de déchirement fratricide.

    Avec la participation de :

    - Didier Péclard, professeur associé de Science politique et Études africaines à l'Université de Genève

    - Chloé Buire, géographe, chargée de recherche au Centre national de la recherche scientifique (CNRS), laboratoire Les Afriques dans le Monde.

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    Elgas : Nous sommes en avril 74 et c'est à Lisbonne qu'une partie de l'histoire angolaise se joue. Lassés des guerres coloniales et de la pauvreté galopante, les militaires fomentent un coup d'État dans la capitale portugaise. Le coup est gagnant. Le régime tombe. La dictature salazariste s'achève. Ce sont les militaires, avec l'appui d'un peuple au soutien indéfectible, qui mettent fin à ce pouvoir. La chute du régime ébranle l'édifice colonial qui avait déjà commencé à battre de l'aile. La fameuse révolution des Œillets est en marche et l'Angola en ressent les secousses. Didier Péclard peut-on imputer à cette séquence la fin de la colonisation?

    Didier Péclard : Oui, c'est un moment essentiel effectivement. Les choses sont liées. La pression exercée par les mouvements nationalistes, particulièrement en Guinée-Bissau... C'est là que la guerre coloniale est véritablement perdue. Mais au Mozambique et en Angola, c'est plus compliqué. Certes, les mouvements nationalistes sont très présents et mettent la pression sur l'armée portugaise. Mais disons que l'armée portugaise arrive malgré tout à protéger l'«Angola utile» entre guillemets. Et il y a une espèce d'impasse militaire. Mais la situation, notamment en Guinée-Bissau, va précipiter la chute du Salazarisme et permettre la décolonisation dans les trois pays. En ce qui concerne l'Angola, cette décolonisation est d'abord négociée. Il y a des accords qui sont signés entre le nouveau gouvernement portugais et puis les trois mouvements de libération début 1975, et on prévoit des élections, mais en fait, ça se fait dans un tel moment de tension que, d'une manière ou d'une autre, on sent que la guerre va reprendre ou continuer. Il y a une forte continuité entre la fin de la lutte pour l'indépendance et le début d'une guerre civile. Une guerre civile très internationalisée au début, puisqu'on a d'un côté des troupes cubaines qui viennent en appui du MPLA et de l'autre côté l'UNITA, surtout le FNLA et l'UNITA qui s'allient plutôt au bloc de l'Ouest. Le FNLA disparaît très rapidement de la scène militaire et l'affrontement devient très, très dur en fait, entre d'un côté le MPLA soutenu par le bloc de l'Est, Cuba et l'URSS, et l'UNITA soutenue par les États-Unis et l'Afrique du Sud.

    Programmation musicale :

    - Paxi Ni Ngongo, de Bonga

    - Mana, de Artur Nunes.

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  • Offrande de la mort et voleurs de sexe : itinéraire de deux rumeurs africaines
    Jun 27 2025

    La mémoire du continent vous emmène aujourd’hui sur les traces de deux rumeurs africaines au carrefour du fait divers, de l’histoire et de l’anthropologie : les voleurs de sexe et l’offrande la mort. La première, apparue dans les années 70, défraie régulièrement la chronique. Un homme, un inconnu, serre la main d’un autre homme. Conséquence ? Ce dernier perd son sexe, le sent rétrécir ou perdre sa fonctionnalité.

    Ce qui suit est une psychose, la prolifération d’une rumeur, allant parfois jusqu’au lynchage du présumé coupable.

    La seconde date des années 2010, principalement au Sénégal. Tout commence par l’arrivée d’un 4x4 et la distribution de colis. Les destinataires connaissent alors la mort. Dans une société façonnée par le don, l’aumône et le sacrifice, la rumeur enfle.

    Avec la participation de :

    Julien Bonhomme, anthropologue à l’École des Hautes études en Sciences Sociales (EHESS) et auteur de « L’offrande de la mort » (éd. CNRS) et « Les voleurs de sexe, anthropologie d’une rumeur africaine » (éd. Seuil).

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    Elgas : Sénégal, Bénin, Burkina Faso, Nigeria, Gabon... Partout sur le continent, la même rumeur. Et c'est elle qui a le plus de coffre. Elle part, elle revient. Mais direction d'abord un pays, le Nigeria, où elle naît d'une certaine manière dans les années 70. Julien Bonhomme, pourquoi le Nigeria? Pourriez-vous nous raconter la genèse de cette rumeur?

    Julien Bonhomme : Je n'ai pas de réponse définitive, mais tout semble effectivement converger vers le Nigeria au début des années 70. On a des comptes rendus d'un psychiatre qu'on fait venir pour enquêter sur ce mystérieux phénomène. Pourquoi le Nigeria? Quelques éléments permettraient peut-être de répondre à cette question. C'est un pays au carrefour entre l'Afrique de l'Ouest et l'Afrique centrale, qui sont vraiment les deux sous-ensembles de la sous-région du continent où la rumeur a le plus circulé. C'est aussi le pays le plus peuplé. C'est un pays avec une rumeur essentiellement urbaine. Or, au Nigeria, le phénomène urbain date de plusieurs siècles. Donc il y a tous ces facteurs qui font que c'est un terreau propice pour l'émergence d'histoires comme celle des voleurs de sexe qui vont circuler comme ça, se diffuser et rayonner hors du pays. Donc tout un ensemble d'éléments qui permettent de penser que le Nigeria est à l'origine de ces rumeurs.

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  • Ifé : sous les pavés, l’histoire médiévale nigériane
    Jun 20 2025

    Ifé, au Nigéria, a tout d’une ville classique. Sur les clichés, on voit ses toitures en zinc et sa tôle, sa verdure, son relief au loin. Une ville somme toute banale. Mais dans certains sites de la cité, le sous-sol regorge de vestiges qui datent du moyen-âge africain. Entre 1000 et 1400 se déploie tout un art, un savoir-faire qui fascine et étonne par sa prescience. Pavement, céramique, verrerie, poterie, tête de bronze, Ifé est une vitrine.

    Comment, dans ce golfe de Guinée, en plein cœur du moyen-âge, un tel savoir-faire a-t-il pu émerger et se propager dans la sous-région ?

    Avec la participation de :

    Léa Roth, historienne, autrice de la thèse « Paver Ifé : archéologies et espaces connectés d’un centre urbain ouest-africain »

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    Elgas : L'Afrique médiévale regorge de trésors : la Nubie, la côte Swahilie, le Mali et ses rois... Votre thèse nous plonge dans cette période avec un travail impressionnant sur l'histoire d'Ifé. Le peuple yoruba, l'étendue de son patrimoine. Des hypothèses sur les origines, les récits et les mythes sur Ifé. C'est une grande ville qui fait maintenant 500 000 habitants ou plus. Que représente-t-elle au Nigeria ?

    Léa Roth : Merci d'abord d'avoir passé un extrait de l'hymne d'Ifé qui m'a fait grandement plaisir. Ifé donc, comme vous l'avez dit, est une ville, disons assez importante 500 000 habitants environ, même si dans la région du sud-ouest du Nigeria, elle fait figure de petit village. Pour beaucoup de Nigérians du sud-ouest, Ifé est aussi considérée comme le creuset de la population yoruba. Cette chanson, cet hymne, il décrit Ifé comme le paradis du monde, là où Dieu nous a créé et surtout, réveillez-vous, et faites Ifé grande comme autrefois. Là où le soleil se lève.

    Programmation musicale et extraits sonores :

    - Live in Ibadan, de Fujicologist

    - Extrait issu de l'émission Afrique noire, série Terre des Arts de Max-Pol Fouchet

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  • Haïti, une liberté très cher payée
    Jun 13 2025

    La mémoire du continent revient sur ce qu'on a appelé la « dette d’Haïti », 150 millions de francs or, double dette en comptant les intérêts, un étranglement des finances d’un jeune Etat coupable d’être libre face à un Empire français qui ne ménagera aucun effort pour lui faire payer l’éclat de sa victoire sur les troupes napoléoniennes.

    C’est l’histoire d’une rançon, d’une révolution sabotée, mais aussi d’un pays peu ménagé par d’autres puissances comme les États-Unis au début du XXè siècle. Et une question restée longtemps taboue mais qui ne l’est plus, celle de la réparation.

    Avec la participation de :

    - Jean-Marie Théodat, géographe, maître de conférences à l'Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, co-auteur de «Après Vertières - Haïti, épopée d'une nation» (éd. Hémisphères)

    - Myriam Cottias, historienne directrice du Centre International de Recherches sur les esclavages et post-esclavages - CIRESC.

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    Elgas : Quel a été le rôle des États-Unis en Haïti ?

    Jean-Marie Théodat : On parle beaucoup de la colonisation française, de la rançon de l'indépendance imposée en 1825. On oublie que de 1915 à 1934, pendant 19 ans, les États-Unis ont occupé non seulement Haïti, mais aussi la République dominicaine, et à côté, de 1916 à 1924, le Nicaragua. C'est un moment où l'hégémonie américaine commence à s'affirmer sur cette partie du monde. Et cela commence d'abord par la Caraïbe, et cela se traduit par des tentatives de nouvelles plantations, avec l'instauration d'un travail forcé qu'on appelait à l'époque la corvée. Et on considère qu'il y a eu plusieurs milliers d'Haïtiens qui sont morts les armes à la main pour résister à l'occupation américaine avec le martyre de Benoît Batraville et surtout de celui qui est considéré, comme je dirais, le nouveau Dessalines, c'est-à-dire Charlemagne Péralte le père du nouveau nationalisme haïtien. Donc il y a dans notre proximité géographique avec les États-Unis, on a envie de paraphraser le Mexicain Porfirio Diaz qui disait à la fin du XIXè siècle Si loin de Dieu, si près des États-Unis, parce que dans la proximité américaine, nous vivons l'enfer.

    À lire aussiDette haïtienne: 200 ans plus tard, la question des réparations toujours sur la table

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  • Ngũgĩ wa Thiong’o: le Kikuyu comme arme contre l’Empire britannique
    Jun 6 2025

    Cap sur le Kenya à la rencontre de Ngũgĩ wa Thiong’o. Le romancier, essayiste et dramaturge au visage toujours souriant est aussi un combattant. Penseur engagé, il dénonce les héritages du colonialisme et s’engage, en abandonnant l’anglais au profit du Kikuyu sa langue maternelle, à défendre les langues africaines. Il y a des voix qui traversent les frontières, celle de Ngũgĩ wa Thiong’o en est assurément une.

    Avec la participation de :

    - Boubacar Boris Diop, écrivain et journaliste sénégalais, auteur de «Un tombeau pour Kinne Gaajo» (éd. Philippe Rey)

    - Maëline Le Lay, chargée de recherche au CNRS

    - Nathalie Carré, maître de conférence en langue et littérature swahili à l’Inalco (Institut national des langues et civilisations orientales).

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    Elgas : On sent dans la littérature des années 50 une grande énergie décoloniale. Je pense à Chinua Achebe et à son classique Le monde s'effondre. Que représente justement Ngũgĩ ?

    Boubacar Boris Diop : Ce qui le caractérise, c'est une puissante identité intellectuelle. Vous savez, chez tous les auteurs de cette génération et des générations d'après, il y a eu une espèce de consensus. On est tous contre la colonisation, mais à force de mais, néanmoins de trucs comme ça, ça devient vaseux. Pour moi, ce qui est vraiment intéressant chez Ngũgĩ, c'est la fermeté de ses convictions, une certaine radicalité. Et quand on le lit, parfois, c'est vraiment à la limite classe contre classe, en mettant le focus sur la paysannerie. Mais ça ne l'empêche pas d'être un très grand auteur. Parce qu'en général, lorsqu'on a une pensée aussi brutale, ça affecte la qualité littéraire des textes. Et ce n'est pas le cas avec Ngũgĩ wa Thiong’o. D'abord, c'est cette radicalité. Il est vraiment clair avec ce qu'il pense. C'est la centralité de la langue. Et ça, c'est au cœur de sa pensée. Qui peut oser parmi les intellectuels africains, écrivains ou pas, dire que les langues africaines ne servent à rien, qu'on ne devrait pas les utiliser. Tout le monde est d'accord sur ça, mais très peu ont, comme Ngũgĩ, mis cette question au centre de leur pensée.

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    Pour aller plus loin : "Rêver en temps de guerre", de Ngũgĩ wa Thiong’o (en cours de réédition aux éditions Project'îles et Africae)

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  • Indépendances africaines: les voix de l’émancipation
    May 30 2025

    Hailé Sélassié empereur d’une terre « incolonisable », Ahmadou Ahidjo acteur en pointillé d’un berceau de la Françafrique, Habib Bourguiba précurseur de la sécularisation en Tunisie, Robert Mugabé grandeur et décadence, et Modibo Keïta l’anti-Françafrique. Voici quelques-uns des portraits que dressent un podcast de France Inter et un livre, tous deux intitulés Décolonisations africaines.

    Fortunes et infortunes, courage, vision, charisme, compromissions, désillusions… Bilan de décennies résolument décoloniales.

    Avec la participation de :

    • Pap Ndiaye, historien, ambassadeur auprès du Conseil de l’Europe et ancien ministre de l’Éducation nationale
    • Pierre Haski, journaliste et auteur de Décolonisations africaines (éd.Stock)

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    Elgas : Les décolonisations, c'est aussi des guerres, des luttes, le syndicalisme, les journaux, la littérature. La décolonisation de l'Afrique était inéluctable, écrivez-vous dans votre préface. Quels sont, à votre avis, les repères chronologiques, les faits majeurs qui annoncent justement cette libération ?

    Pap Ndiaye : Ce qui est frappant, en effet, c'est la rapidité du phénomène entre grosso modo l'après-Seconde Guerre mondiale et les années 60, voire les années 70 pour la décolonisation de l'Empire portugais. Ça se joue en quelques décennies, ça s'accélère, alors qu'en 1945, rien n'était réellement prévisible. Pourquoi cette nécessité ? Eh bien, parce que les événements du XXe siècle ont accéléré à la fois la demande, c'est le facteur principal, l'évolution des sociétés africaines surtout. À partir de l'entre-deux-guerres, les connexions accrues avec le monde américain, avec l'Europe, les circulations, les demandes aussi des anciens soldats des fameux tirailleurs sénégalais par exemple, qui reviennent en Afrique en 1945. Tout ça produit un effet d'ébullition politique, syndicale, sociale dans les sociétés africaines après la Seconde Guerre mondiale, avec les traductions politiques qui vont venir très rapidement.

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