Afrique, mémoires d'un continent Podcast Por RFI arte de portada

Afrique, mémoires d'un continent

Afrique, mémoires d'un continent

De: RFI
Escúchala gratis

Afrique, mémoires d'un continent explore l’histoire à travers les siècles et jusqu’à aujourd’hui. Autour d’Elgas, historiens, universitaires et spécialistes expliquent et racontent, sans tabous et à rebours des clichés, comment le passé éclaire le présent. Journaliste et coordinatrice : Delphine Michaud. Réalisation : Taguy M’Fah Traoré. *** Diffusions vers toutes cibles les dimanches à 08h10 TU et 22h10 TU (Heure de Paris = TU + 1) depuis le 27/10/2024.

France Médias Monde
Ciencias Sociales
Episodios
  • Insoumises : un siècle de féminisme africain sous la colonisation
    Jul 18 2025

    La mémoire du continent vous raconte un siècle de combats de femmes africaines pour leurs droits. Nombreuses et déterminées, elles ont ferraillé dans un contexte colonial contre un double ennemi : le patriarcat et le système colonial et sa domination. Quelles formes de luttes, antérieures à la colonisation, menèrent les Africaines ?

    À rebours d’un récit peuplé d’idées reçues sur un féminisme africain qui serait importé, point historique ce dimanche sur ces batailles contre la domination et l’assignation et sur nombres de figures et d’icônes qui invalident ces on-dit.

    Avec la participation de :

    - Madina Thiam, historienne, professeure adjointe à l’Université de New York

    - Pascale Barthélémy, historienne, maîtresse de conférence à l’École normale supérieure de Lyon, membre du Laboratoire de recherche historique Rhône-Alpes (LARHRA), auteure de « Sororité et colonialisme » (éd. La Sorbonne).

    ************************************************

    Elgas : Je souhaiterais parler d'un terme, un terme qui paraît évident aujourd'hui mais dont les premières mentions dans l'histoire sont finalement assez récentes. C'est le mot féminisme. Que pourrait-on déconstruire autour de ce mot ?

    Pascale Barthélémy : Alors je crois que déjà, il faut dire qu'on ne parle plus du féminisme mais des féminismes. Donc ça c'est une première chose. C'est-à-dire qu'on reconnaît aujourd'hui dans l'ensemble des sciences sociales la pluralité des formes de luttes de femmes, en fait. Alors des luttes de femmes qui peuvent prendre plusieurs dimensions, luttes pour les droits, luttes pour la visibilité, luttes pour la reconnaissance de leur existence dans les sociétés. Et donc je partage avec Madina Thiam l'idée de la nécessité de réhabiliter la place des femmes dans l'histoire des sociétés africaines. Même si le mot «matriarcat» renvoie à l'idée que les femmes auraient eu le pouvoir par rapport au patriarcat. Les deux mots sont en miroir, et ça je crois qu'on peut dire que ça n'est jamais vrai dans une société humaine. En revanche, que des femmes aient eu du pouvoir à un moment, une influence, qu'elles aient pu négocier de l'autonomie et que certaines aient pu même être des reines, des femmes économiquement très puissantes, c'est une évidence. Mais le féminisme, c'est un mot piégé parce qu'il est connoté péjorativement comme étant une importation occidentale. Mais je crois qu'en fait, derrière, ce sont les luttes des femmes à l'échelle de l'ensemble de la planète.

    Más Menos
    39 m
  • Les Pygmées, communautés dans les griffes de l’Histoire
    Jul 11 2025

    Les Batwa, les Bakola, les Aka, les Bagyeli, entre autres, sont les noms locaux des communautés pygmées, peuples de la forêt, qu’on retrouve un peu partout dans la moitié sud du continent africain. Rapport vital et spirituel avec la forêt, nomadisme, relation avec les autres communautés, organisation sociale, place des femmes, conflits divers, fonciers, marginalisation et défis de l’inclusion politique à l’heure des pertes de repères…

    Loin des pensées faciles et stéréotypes tenaces, la mémoire du continent vous propose de raconter l’histoire des Pygmées pour mieux déconstruire des siècles de mythes, un siècle de contre-récit et le présent des défis.

    Avec la participation de :

    Bernard Aristide Bitouga, anthropologue, enseignant-chercheur à la Faculté des Lettres et Sciences Humaines de l’Université de Douala au Cameroun.

    *********************************************

    Elgas : J'aimerais qu'on fasse de l'ethnographie, de la description et de l'analyse. Qu'est-ce qu'un campement, par exemple, et quels rapports les communautés que vous étudiez ont-elles avec la forêt ?

    Bernard Aristide Bitouga : Déjà je vais vous surprendre en vous disant que le mot campement lui-même est aujourd'hui fortement remis en cause. Parce que si on s'en tient à la définition classique du campement, cela renvoie à une occupation temporaire d'un espace. Aujourd'hui, nous sommes complètement sortis du campement pour des villages structurés. Vous pouvez sur l'ensemble de l'année arriver, et vous trouvez ces communautés pygmées installées là de manière confortable. Donc la notion de campement, elle tenait encore lorsque effectivement cette transition tentait encore de se mettre en place, avec ces mots de semi-nomadisme. Mais aujourd'hui, je peux vous dire que le nomadisme, il a presque disparu pour laisser place à des communautés sédentaires qui ont des villages. Et dans le cas du Cameroun, elles ont même aujourd'hui des chefferies avec à leur tête des chefs traditionnels. La deuxième chose qu'il est important de relever ici, c'est cette double présence des Pygmées : avec le village qui est en bordure de route, c'est-à-dire que le village de proximité avec les Bantous, et l'autre village qui se trouve en forêt. Parce que les Pygmées, dans leur manière d'articuler leur rapport au monde, vivent une vie qui est à cheval entre la route qui est le village, le village moderne, et le village de forêt qui leur sert de base arrière, aussi bien pour un certain nombre de rituels que pour emmagasiner un ensemble de produits, notamment de la chasse, de la pêche et même de la récolte qu'on fait dans de la forêt primaire et qu'on stocke dans ces villages de forêt avant de pouvoir les rapatrier vers le village de la route.

    Más Menos
    39 m
  • Luttes de décolonisation et guerre civile : la douloureuse libération angolaise
    Jul 4 2025

    La mémoire du continent fait cap sur l’Angola. Dans ce pays, ancien fief du commerce d’esclaves et où la reine Zingha a héroïquement et longuement résisté aux Portugais, pays riche en pétrole et en diamants, l’indépendance ne surviendra qu’en 1975. Décolonisation tardive donc, quinze années après les vagues africaines. Mais la libération tant désirée n’offre qu’un bref répit et inaugure le long cycle tragique d’une guerre civile. Vingt-sept ans de déchirement fratricide.

    Avec la participation de :

    - Didier Péclard, professeur associé de Science politique et Études africaines à l'Université de Genève

    - Chloé Buire, géographe, chargée de recherche au Centre national de la recherche scientifique (CNRS), laboratoire Les Afriques dans le Monde.

    ********************************

    Elgas : Nous sommes en avril 74 et c'est à Lisbonne qu'une partie de l'histoire angolaise se joue. Lassés des guerres coloniales et de la pauvreté galopante, les militaires fomentent un coup d'État dans la capitale portugaise. Le coup est gagnant. Le régime tombe. La dictature salazariste s'achève. Ce sont les militaires, avec l'appui d'un peuple au soutien indéfectible, qui mettent fin à ce pouvoir. La chute du régime ébranle l'édifice colonial qui avait déjà commencé à battre de l'aile. La fameuse révolution des Œillets est en marche et l'Angola en ressent les secousses. Didier Péclard peut-on imputer à cette séquence la fin de la colonisation?

    Didier Péclard : Oui, c'est un moment essentiel effectivement. Les choses sont liées. La pression exercée par les mouvements nationalistes, particulièrement en Guinée-Bissau... C'est là que la guerre coloniale est véritablement perdue. Mais au Mozambique et en Angola, c'est plus compliqué. Certes, les mouvements nationalistes sont très présents et mettent la pression sur l'armée portugaise. Mais disons que l'armée portugaise arrive malgré tout à protéger l'«Angola utile» entre guillemets. Et il y a une espèce d'impasse militaire. Mais la situation, notamment en Guinée-Bissau, va précipiter la chute du Salazarisme et permettre la décolonisation dans les trois pays. En ce qui concerne l'Angola, cette décolonisation est d'abord négociée. Il y a des accords qui sont signés entre le nouveau gouvernement portugais et puis les trois mouvements de libération début 1975, et on prévoit des élections, mais en fait, ça se fait dans un tel moment de tension que, d'une manière ou d'une autre, on sent que la guerre va reprendre ou continuer. Il y a une forte continuité entre la fin de la lutte pour l'indépendance et le début d'une guerre civile. Une guerre civile très internationalisée au début, puisqu'on a d'un côté des troupes cubaines qui viennent en appui du MPLA et de l'autre côté l'UNITA, surtout le FNLA et l'UNITA qui s'allient plutôt au bloc de l'Ouest. Le FNLA disparaît très rapidement de la scène militaire et l'affrontement devient très, très dur en fait, entre d'un côté le MPLA soutenu par le bloc de l'Est, Cuba et l'URSS, et l'UNITA soutenue par les États-Unis et l'Afrique du Sud.

    Programmation musicale :

    - Paxi Ni Ngongo, de Bonga

    - Mana, de Artur Nunes.

    Más Menos
    39 m
Todavía no hay opiniones