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  • La Prohibition - 4/6
    Jun 30 2025

    Pour vous abonner et écouter l’émission en une fois, sans publicité : https://m.audiomeans.fr/s/S-tavkjvmo

    Ça démarre toujours comme ça

    Par une bonne intention.

    Alors, on veut sauver les hommes de l’alcool, protéger les familles, ramener l’ordre moral.

    On veut guérir l’Amérique.

    Mais ce que les États-Unis vont vivre, à partir de 1920, n’a rien d’une convalescence. C’est une descente. Une décennie de violence, de double discours, d’hypocrisie politique et de criminalité organisée à une échelle jamais vue.

    Pendant treize ans, la fabrication, la vente et le transport d’alcool deviennent illégaux sur l’ensemble du territoire américain. Officiellement, l’alcool est banni pour préserver la nation, encourager la tempérance, rendre les citoyens meilleurs. En réalité, il ne disparaît jamais. Il change de visage. Il entre en clandestinité. Et l’Amérique avec lui.

    Derrière les façades closes des speakeasies (les bars clandestins), on danse sur du jazz, on trinque en cachette, on négocie des pots-de-vin. La police détourne les yeux, parfois la loi aussi. La boisson coule à flot dans les villes, les caves, les arrière-salles. Et dans les veines du pays.

    L’État croyait contrôler une habitude. Il découvre qu’il a réveillé un monstre.

    Car interdire, ce n’est pas empêcher.

    Et ce que la Prohibition interdit, elle va surtout le rendre rentable.

    Elle consacre des figures nouvelles.

    Des avocats devenus millionnaires, dont certains dissimulent leurs distilleries derrière des pharmacies.

    Des criminels qui deviennent des icônes, comme Al Capone, qui transforme Chicago en capitale du crime, finance des soupes populaires avec l’argent du trafic, tout en faisant exécuter ses rivaux à la mitraillette.

    Mais la Prohibition, ce n’est pas seulement l’histoire des gangsters.

    C’est aussi celle des échecs du pouvoir, des contradictions d’une société, et du poids des idéaux mal appliqués.

    C’est l’histoire d’une croisade morale détournée par l’argent. D’un État qui perd la main.

    D’un peuple qui se rit des lois… et qui en meurt parfois.

    Car à force de distiller dans l’illégalité, on fabrique des alcools frelatés, toxiques, dangereux.

    On mélange, on coupe, on triche. Et on enterre.

    Et puis il y a l’autre scène : celle des bureaux, des couloirs du Congrès, des caves du Sénat pleines de bouteilles, pendant que les rues se remplissent de cadavres.

    La Prohibition devait moraliser l’Amérique. Elle l’a fracturée.

    Elle a sapé la confiance dans les institutions. Elle a légitimé la corruption comme mode de gouvernement. Elle a semé les bases du crime organisé moderne.

    Et pourtant, cette période est aussi fascinante que trouble. Car elle interroge :

    Pourquoi une société décide-t-elle de bannir quelque chose d’aussi ancré que l’alcool ?

    Pourquoi une loi, votée à une écrasante majorité, devient-elle si vite une mascarade ?

    Et pourquoi, malgré ses effets désastreux, certains rêvent-ils encore, aujourd’hui, de moraliser la société par la contrainte ?

    Ce que nous allons explorer, ce n’est pas seulement une période de l’histoire américaine.

    C’est un miroir tendu à notre époque.

    Car derrière les barils de whisky cachés dans les caves, derrière les gangsters en costume et les descentes de police, il y a une question essentielle : que se passe-t-il quand la loi s’attaque à la culture ?

    Et que reste-t-il, une fois la tempérance oubliée, mais que la violence, elle, est restée ?

    Mon invitée, l'historienne et spécialiste des Etats-Unis, Annick Foucrier, qui vient de sortir son dernier ouvrage, excellent, au nom évident "La Prohibition", chez Armand Colin

    Distribué par Audiomeans. Visitez audiomeans.fr/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

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    13 m
  • La Prohibition - 3/6
    Jun 29 2025

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    Ça démarre toujours comme ça

    Par une bonne intention.

    Alors, on veut sauver les hommes de l’alcool, protéger les familles, ramener l’ordre moral.

    On veut guérir l’Amérique.

    Mais ce que les États-Unis vont vivre, à partir de 1920, n’a rien d’une convalescence. C’est une descente. Une décennie de violence, de double discours, d’hypocrisie politique et de criminalité organisée à une échelle jamais vue.

    Pendant treize ans, la fabrication, la vente et le transport d’alcool deviennent illégaux sur l’ensemble du territoire américain. Officiellement, l’alcool est banni pour préserver la nation, encourager la tempérance, rendre les citoyens meilleurs. En réalité, il ne disparaît jamais. Il change de visage. Il entre en clandestinité. Et l’Amérique avec lui.

    Derrière les façades closes des speakeasies (les bars clandestins), on danse sur du jazz, on trinque en cachette, on négocie des pots-de-vin. La police détourne les yeux, parfois la loi aussi. La boisson coule à flot dans les villes, les caves, les arrière-salles. Et dans les veines du pays.

    L’État croyait contrôler une habitude. Il découvre qu’il a réveillé un monstre.

    Car interdire, ce n’est pas empêcher.

    Et ce que la Prohibition interdit, elle va surtout le rendre rentable.

    Elle consacre des figures nouvelles.

    Des avocats devenus millionnaires, dont certains dissimulent leurs distilleries derrière des pharmacies.

    Des criminels qui deviennent des icônes, comme Al Capone, qui transforme Chicago en capitale du crime, finance des soupes populaires avec l’argent du trafic, tout en faisant exécuter ses rivaux à la mitraillette.

    Mais la Prohibition, ce n’est pas seulement l’histoire des gangsters.

    C’est aussi celle des échecs du pouvoir, des contradictions d’une société, et du poids des idéaux mal appliqués.

    C’est l’histoire d’une croisade morale détournée par l’argent. D’un État qui perd la main.

    D’un peuple qui se rit des lois… et qui en meurt parfois.

    Car à force de distiller dans l’illégalité, on fabrique des alcools frelatés, toxiques, dangereux.

    On mélange, on coupe, on triche. Et on enterre.

    Et puis il y a l’autre scène : celle des bureaux, des couloirs du Congrès, des caves du Sénat pleines de bouteilles, pendant que les rues se remplissent de cadavres.

    La Prohibition devait moraliser l’Amérique. Elle l’a fracturée.

    Elle a sapé la confiance dans les institutions. Elle a légitimé la corruption comme mode de gouvernement. Elle a semé les bases du crime organisé moderne.

    Et pourtant, cette période est aussi fascinante que trouble. Car elle interroge :

    Pourquoi une société décide-t-elle de bannir quelque chose d’aussi ancré que l’alcool ?

    Pourquoi une loi, votée à une écrasante majorité, devient-elle si vite une mascarade ?

    Et pourquoi, malgré ses effets désastreux, certains rêvent-ils encore, aujourd’hui, de moraliser la société par la contrainte ?

    Ce que nous allons explorer, ce n’est pas seulement une période de l’histoire américaine.

    C’est un miroir tendu à notre époque.

    Car derrière les barils de whisky cachés dans les caves, derrière les gangsters en costume et les descentes de police, il y a une question essentielle : que se passe-t-il quand la loi s’attaque à la culture ?

    Et que reste-t-il, une fois la tempérance oubliée, mais que la violence, elle, est restée ?

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    12 m
  • La Prohibition - 2/6
    Jun 28 2025

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    Alors, on veut sauver les hommes de l’alcool, protéger les familles, ramener l’ordre moral.

    On veut guérir l’Amérique.

    Mais ce que les États-Unis vont vivre, à partir de 1920, n’a rien d’une convalescence. C’est une descente. Une décennie de violence, de double discours, d’hypocrisie politique et de criminalité organisée à une échelle jamais vue.

    Pendant treize ans, la fabrication, la vente et le transport d’alcool deviennent illégaux sur l’ensemble du territoire américain. Officiellement, l’alcool est banni pour préserver la nation, encourager la tempérance, rendre les citoyens meilleurs. En réalité, il ne disparaît jamais. Il change de visage. Il entre en clandestinité. Et l’Amérique avec lui.

    Derrière les façades closes des speakeasies (les bars clandestins), on danse sur du jazz, on trinque en cachette, on négocie des pots-de-vin. La police détourne les yeux, parfois la loi aussi. La boisson coule à flot dans les villes, les caves, les arrière-salles. Et dans les veines du pays.

    L’État croyait contrôler une habitude. Il découvre qu’il a réveillé un monstre.

    Car interdire, ce n’est pas empêcher.

    Et ce que la Prohibition interdit, elle va surtout le rendre rentable.

    Elle consacre des figures nouvelles.

    Des avocats devenus millionnaires, dont certains dissimulent leurs distilleries derrière des pharmacies.

    Des criminels qui deviennent des icônes, comme Al Capone, qui transforme Chicago en capitale du crime, finance des soupes populaires avec l’argent du trafic, tout en faisant exécuter ses rivaux à la mitraillette.

    Mais la Prohibition, ce n’est pas seulement l’histoire des gangsters.

    C’est aussi celle des échecs du pouvoir, des contradictions d’une société, et du poids des idéaux mal appliqués.

    C’est l’histoire d’une croisade morale détournée par l’argent. D’un État qui perd la main.

    D’un peuple qui se rit des lois… et qui en meurt parfois.

    Car à force de distiller dans l’illégalité, on fabrique des alcools frelatés, toxiques, dangereux.

    On mélange, on coupe, on triche. Et on enterre.

    Et puis il y a l’autre scène : celle des bureaux, des couloirs du Congrès, des caves du Sénat pleines de bouteilles, pendant que les rues se remplissent de cadavres.

    La Prohibition devait moraliser l’Amérique. Elle l’a fracturée.

    Elle a sapé la confiance dans les institutions. Elle a légitimé la corruption comme mode de gouvernement. Elle a semé les bases du crime organisé moderne.

    Et pourtant, cette période est aussi fascinante que trouble. Car elle interroge :

    Pourquoi une société décide-t-elle de bannir quelque chose d’aussi ancré que l’alcool ?

    Pourquoi une loi, votée à une écrasante majorité, devient-elle si vite une mascarade ?

    Et pourquoi, malgré ses effets désastreux, certains rêvent-ils encore, aujourd’hui, de moraliser la société par la contrainte ?

    Ce que nous allons explorer, ce n’est pas seulement une période de l’histoire américaine.

    C’est un miroir tendu à notre époque.

    Car derrière les barils de whisky cachés dans les caves, derrière les gangsters en costume et les descentes de police, il y a une question essentielle : que se passe-t-il quand la loi s’attaque à la culture ?

    Et que reste-t-il, une fois la tempérance oubliée, mais que la violence, elle, est restée ?

    Mon invitée, l'historienne et spécialiste des Etats-Unis, Annick Foucrier, qui vient de sortir son dernier ouvrage, excellent, au nom évident "La Prohibition", chez Armand Colin

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    14 m
  • La Prohibition - 1/6
    Jun 27 2025

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    Ça démarre toujours comme ça

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    Alors, on veut sauver les hommes de l’alcool, protéger les familles, ramener l’ordre moral.

    On veut guérir l’Amérique.

    Mais ce que les États-Unis vont vivre, à partir de 1920, n’a rien d’une convalescence. C’est une descente. Une décennie de violence, de double discours, d’hypocrisie politique et de criminalité organisée à une échelle jamais vue.

    Pendant treize ans, la fabrication, la vente et le transport d’alcool deviennent illégaux sur l’ensemble du territoire américain. Officiellement, l’alcool est banni pour préserver la nation, encourager la tempérance, rendre les citoyens meilleurs. En réalité, il ne disparaît jamais. Il change de visage. Il entre en clandestinité. Et l’Amérique avec lui.

    Derrière les façades closes des speakeasies (les bars clandestins), on danse sur du jazz, on trinque en cachette, on négocie des pots-de-vin. La police détourne les yeux, parfois la loi aussi. La boisson coule à flot dans les villes, les caves, les arrière-salles. Et dans les veines du pays.

    L’État croyait contrôler une habitude. Il découvre qu’il a réveillé un monstre.

    Car interdire, ce n’est pas empêcher.

    Et ce que la Prohibition interdit, elle va surtout le rendre rentable.

    Elle consacre des figures nouvelles.

    Des avocats devenus millionnaires, dont certains dissimulent leurs distilleries derrière des pharmacies.

    Des criminels qui deviennent des icônes, comme Al Capone, qui transforme Chicago en capitale du crime, finance des soupes populaires avec l’argent du trafic, tout en faisant exécuter ses rivaux à la mitraillette.

    Mais la Prohibition, ce n’est pas seulement l’histoire des gangsters.

    C’est aussi celle des échecs du pouvoir, des contradictions d’une société, et du poids des idéaux mal appliqués.

    C’est l’histoire d’une croisade morale détournée par l’argent. D’un État qui perd la main.

    D’un peuple qui se rit des lois… et qui en meurt parfois.

    Car à force de distiller dans l’illégalité, on fabrique des alcools frelatés, toxiques, dangereux.

    On mélange, on coupe, on triche. Et on enterre.

    Et puis il y a l’autre scène : celle des bureaux, des couloirs du Congrès, des caves du Sénat pleines de bouteilles, pendant que les rues se remplissent de cadavres.

    La Prohibition devait moraliser l’Amérique. Elle l’a fracturée.

    Elle a sapé la confiance dans les institutions. Elle a légitimé la corruption comme mode de gouvernement. Elle a semé les bases du crime organisé moderne.

    Et pourtant, cette période est aussi fascinante que trouble. Car elle interroge :

    Pourquoi une société décide-t-elle de bannir quelque chose d’aussi ancré que l’alcool ?

    Pourquoi une loi, votée à une écrasante majorité, devient-elle si vite une mascarade ?

    Et pourquoi, malgré ses effets désastreux, certains rêvent-ils encore, aujourd’hui, de moraliser la société par la contrainte ?

    Ce que nous allons explorer, ce n’est pas seulement une période de l’histoire américaine.

    C’est un miroir tendu à notre époque.

    Car derrière les barils de whisky cachés dans les caves, derrière les gangsters en costume et les descentes de police, il y a une question essentielle : que se passe-t-il quand la loi s’attaque à la culture ?

    Et que reste-t-il, une fois la tempérance oubliée, mais que la violence, elle, est restée ?

    Mon invitée, l'historienne et spécialiste des Etats-Unis, Annick Foucrier, qui vient de sortir son dernier ouvrage, excellent, au nom évident "La Prohibition", chez Armand Colin

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    12 m
  • Le martyre de Georges Mandel - Antoine Mordacq
    Jun 24 2025

    De son arrestation en 1940 à sa mort en 1944, Georges Mandel, ancien ministre des Colonies puis de l'Intérieur, a été interné par Vichy, enlevé par les SS avant d'être déporté en Allemagne puis ramené de force en France pour être livré à la Milice et assassiné en forêt de Fontainebleau.

    La persécution dont il a été l'objet doit autant à son refus de l'armistice en juin 1940 qu'au fait d'être juif : Mandel est rapidement devenu une cible prioritaire du régime de Pétain puis du pouvoir nazi.

    Au cours de ces quatre années tragiques, l'ancien chef du cabinet civil de Clemenceau (1917-1919) au courage héroïque ne s'est jamais fait d'illusion sur la fin qui l'attendait, comme le montrent ses archives personnelles.

    Ce sont ces années que raconte Antoine Mordacq dans son ouvrage "Le martyre de Georges Mandel", à partir d'archives considérables, notamment des lettres quasi-quotidiennes que Mandel, sa femme et sa fille s'écrivent.

    Ce récit brillant et haletant donne ainsi un nouvel éclairage sur l'action d'un homme en résistance face au nazisme et à Vichy.

    Son auteur, Antoine Mordacq, est notre invité en studio

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    46 m
  • Histoire de l'Algérie #2 - 5/5
    Jun 24 2025

    Pour vous abonner et écouter l’émission en une fois, sans publicité :https://m.audiomeans.fr/s/S-tavkjvmo

    Cette émission - comme la précédente - est dédiée à Boualem Sansal, toujours emprisonné par un état barbare et inculte. Timeline, à son petit niveau, luttera toujours contre la bêtise, l'inculture, la barbarie, et l'injustice.

    Richard Fremder

    1830 ... L’Europe industrielle débarque à Sidi Ferruch sous les plis du drapeau tricolore. Derrière les canons, les promesses : pacifier, civiliser, moderniser. Mais dès les premières heures, la conquête se mue en guerre totale, en répression massive, en anéantissement systématique des résistances, à commencer par celle d’Abdelkader. Ce n’est pas une colonie qui naît, c’est une société fracturée, hiérarchisée, dominée.

    De 1830 à 1870, la violence fonde le droit. L’Algérie est conquise « par le glaive et la charrue » : les troupes massacrent, les colons défrichent, les tribus sont déplacées, affamées, regroupées. Les textes se succèdent, les Républiques changent, Napoléon III parle d’un « royaume arabe », mais la logique reste : dominer, soumettre, exploiter. Derrière les mots de progrès, une tempête démographique, un pillage organisé, une résistance enfouie.

    Puis vient le temps des certitudes. 1871 : la dernière grande insurrection kabyle est matée. Le décret Crémieux octroie la citoyenneté aux Juifs mais la refuse aux musulmans. On parle d’« Algérie française », mais il s’agit d’une colonie peuplée de citoyens et de sujets. Les Européens contrôlent les terres, les banques, les tribunaux. Les Algériens sont les indigènes d’un territoire dont ils ne possèdent rien. On leur apprend Molière, mais on leur interdit leur langue. Le tourisme devient l’expression ultime du mépris : on visite les « indigènes » comme des curiosités exotiques.

    1914-1918. Des dizaines de milliers d’Algériens meurent pour une République qui ne les reconnaît pas. En 1919, une idée nationale commence à germer. Avec Messali Hadj, l’Association des Oulémas ou l’Étoile nord-africaine, se construit un discours autonome, islamique ou laïc, anticolonial, national. Mais les espoirs du centenaire sont écrasés par le mépris, les promesses trahies, les réformes refusées. Les années 1930 sont celles de l’impasse : une société cloisonnée, racialisée, incapable de dialogue.

    Puis vient le choc. 1945 : Sétif, Guelma, Kherrata. Le drame, la censure, le silence. Le nationalisme algérien s’enflamme. En 1954, la guerre éclate. La Toussaint sanglante ouvre une décennie de violence, d’aveuglement, d’horreur partagée. Attentats, torture, regroupements, exécutions sommaires, propagande, contre-insurrection. Les femmes y prennent part, les artistes y trouvent un cri, les diplomates y cherchent une issue. Mais la République française s’effondre, minée par ses contradictions. En 1962, l’indépendance est proclamée, mais rien n’est résolu.

    Le chaos commence. D’un rêve d’unité surgit la lutte pour le pouvoir. Le FLN triomphant n’a pas de programme, les accords d’Évian divisent, les harkis sont abandonnés, les Pieds-noirs fuient, les coopérants arrivent. Le peuple algérien, épuisé par 132 ans de domination, doit se réinventer dans l’urgence. L’autogestion, le socialisme, l’islam, la francophonie, l’arabisation : tout est mis sur la table. Mais rien ne prend racine. Entre les coups d’État militaires, les espoirs révolutionnaires, la guerre des Sables contre le Maroc, l’Algérie indépendante cherche encore son visage.

    C’est cette période, de la dépossession à l’indépendance, que nous allons décrypter, toujours en compagnie de l'historien Michel Pierre, sans manichéisme.

    Il s'agira de revenir sur les différentes complexités si souvent caricaturées. C’est un demi-siècle de convulsions, de rêves brisés et d’horizons ouverts que nous allons explorer ensemble.

    Distribué par Audiomeans. Visitez audiomeans.fr/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

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    7 m
  • Histoire de l'Algérie #2 - 4/5
    Jun 23 2025

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    Cette émission - comme la précédente - est dédiée à Boualem Sansal, toujours emprisonné par un état barbare et inculte. Timeline, à son petit niveau, luttera toujours contre la bêtise, l'inculture, la barbarie, et l'injustice.

    Richard Fremder

    1830 ... L’Europe industrielle débarque à Sidi Ferruch sous les plis du drapeau tricolore. Derrière les canons, les promesses : pacifier, civiliser, moderniser. Mais dès les premières heures, la conquête se mue en guerre totale, en répression massive, en anéantissement systématique des résistances, à commencer par celle d’Abdelkader. Ce n’est pas une colonie qui naît, c’est une société fracturée, hiérarchisée, dominée.

    De 1830 à 1870, la violence fonde le droit. L’Algérie est conquise « par le glaive et la charrue » : les troupes massacrent, les colons défrichent, les tribus sont déplacées, affamées, regroupées. Les textes se succèdent, les Républiques changent, Napoléon III parle d’un « royaume arabe », mais la logique reste : dominer, soumettre, exploiter. Derrière les mots de progrès, une tempête démographique, un pillage organisé, une résistance enfouie.

    Puis vient le temps des certitudes. 1871 : la dernière grande insurrection kabyle est matée. Le décret Crémieux octroie la citoyenneté aux Juifs mais la refuse aux musulmans. On parle d’« Algérie française », mais il s’agit d’une colonie peuplée de citoyens et de sujets. Les Européens contrôlent les terres, les banques, les tribunaux. Les Algériens sont les indigènes d’un territoire dont ils ne possèdent rien. On leur apprend Molière, mais on leur interdit leur langue. Le tourisme devient l’expression ultime du mépris : on visite les « indigènes » comme des curiosités exotiques.

    1914-1918. Des dizaines de milliers d’Algériens meurent pour une République qui ne les reconnaît pas. En 1919, une idée nationale commence à germer. Avec Messali Hadj, l’Association des Oulémas ou l’Étoile nord-africaine, se construit un discours autonome, islamique ou laïc, anticolonial, national. Mais les espoirs du centenaire sont écrasés par le mépris, les promesses trahies, les réformes refusées. Les années 1930 sont celles de l’impasse : une société cloisonnée, racialisée, incapable de dialogue.

    Puis vient le choc. 1945 : Sétif, Guelma, Kherrata. Le drame, la censure, le silence. Le nationalisme algérien s’enflamme. En 1954, la guerre éclate. La Toussaint sanglante ouvre une décennie de violence, d’aveuglement, d’horreur partagée. Attentats, torture, regroupements, exécutions sommaires, propagande, contre-insurrection. Les femmes y prennent part, les artistes y trouvent un cri, les diplomates y cherchent une issue. Mais la République française s’effondre, minée par ses contradictions. En 1962, l’indépendance est proclamée, mais rien n’est résolu.

    Le chaos commence. D’un rêve d’unité surgit la lutte pour le pouvoir. Le FLN triomphant n’a pas de programme, les accords d’Évian divisent, les harkis sont abandonnés, les Pieds-noirs fuient, les coopérants arrivent. Le peuple algérien, épuisé par 132 ans de domination, doit se réinventer dans l’urgence. L’autogestion, le socialisme, l’islam, la francophonie, l’arabisation : tout est mis sur la table. Mais rien ne prend racine. Entre les coups d’État militaires, les espoirs révolutionnaires, la guerre des Sables contre le Maroc, l’Algérie indépendante cherche encore son visage.

    C’est cette période, de la dépossession à l’indépendance, que nous allons décrypter, toujours en compagnie de l'historien Michel Pierre, sans manichéisme.

    Il s'agira de revenir sur les différentes complexités si souvent caricaturées. C’est un demi-siècle de convulsions, de rêves brisés et d’horizons ouverts que nous allons explorer ensemble.

    Distribué par Audiomeans. Visitez audiomeans.fr/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

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    11 m
  • Histoire de l'Algérie #2 - 3/5
    Jun 22 2025

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    Cette émission - comme la précédente - est dédiée à Boualem Sansal, toujours emprisonné par un état barbare et inculte. Timeline, à son petit niveau, luttera toujours contre la bêtise, l'inculture, la barbarie, et l'injustice.

    Richard Fremder

    1830 ... L’Europe industrielle débarque à Sidi Ferruch sous les plis du drapeau tricolore. Derrière les canons, les promesses : pacifier, civiliser, moderniser. Mais dès les premières heures, la conquête se mue en guerre totale, en répression massive, en anéantissement systématique des résistances, à commencer par celle d’Abdelkader. Ce n’est pas une colonie qui naît, c’est une société fracturée, hiérarchisée, dominée.

    De 1830 à 1870, la violence fonde le droit. L’Algérie est conquise « par le glaive et la charrue » : les troupes massacrent, les colons défrichent, les tribus sont déplacées, affamées, regroupées. Les textes se succèdent, les Républiques changent, Napoléon III parle d’un « royaume arabe », mais la logique reste : dominer, soumettre, exploiter. Derrière les mots de progrès, une tempête démographique, un pillage organisé, une résistance enfouie.

    Puis vient le temps des certitudes. 1871 : la dernière grande insurrection kabyle est matée. Le décret Crémieux octroie la citoyenneté aux Juifs mais la refuse aux musulmans. On parle d’« Algérie française », mais il s’agit d’une colonie peuplée de citoyens et de sujets. Les Européens contrôlent les terres, les banques, les tribunaux. Les Algériens sont les indigènes d’un territoire dont ils ne possèdent rien. On leur apprend Molière, mais on leur interdit leur langue. Le tourisme devient l’expression ultime du mépris : on visite les « indigènes » comme des curiosités exotiques.

    1914-1918. Des dizaines de milliers d’Algériens meurent pour une République qui ne les reconnaît pas. En 1919, une idée nationale commence à germer. Avec Messali Hadj, l’Association des Oulémas ou l’Étoile nord-africaine, se construit un discours autonome, islamique ou laïc, anticolonial, national. Mais les espoirs du centenaire sont écrasés par le mépris, les promesses trahies, les réformes refusées. Les années 1930 sont celles de l’impasse : une société cloisonnée, racialisée, incapable de dialogue.

    Puis vient le choc. 1945 : Sétif, Guelma, Kherrata. Le drame, la censure, le silence. Le nationalisme algérien s’enflamme. En 1954, la guerre éclate. La Toussaint sanglante ouvre une décennie de violence, d’aveuglement, d’horreur partagée. Attentats, torture, regroupements, exécutions sommaires, propagande, contre-insurrection. Les femmes y prennent part, les artistes y trouvent un cri, les diplomates y cherchent une issue. Mais la République française s’effondre, minée par ses contradictions. En 1962, l’indépendance est proclamée, mais rien n’est résolu.

    Le chaos commence. D’un rêve d’unité surgit la lutte pour le pouvoir. Le FLN triomphant n’a pas de programme, les accords d’Évian divisent, les harkis sont abandonnés, les Pieds-noirs fuient, les coopérants arrivent. Le peuple algérien, épuisé par 132 ans de domination, doit se réinventer dans l’urgence. L’autogestion, le socialisme, l’islam, la francophonie, l’arabisation : tout est mis sur la table. Mais rien ne prend racine. Entre les coups d’État militaires, les espoirs révolutionnaires, la guerre des Sables contre le Maroc, l’Algérie indépendante cherche encore son visage.

    C’est cette période, de la dépossession à l’indépendance, que nous allons décrypter, toujours en compagnie de l'historien Michel Pierre, sans manichéisme.

    Il s'agira de revenir sur les différentes complexités si souvent caricaturées. C’est un demi-siècle de convulsions, de rêves brisés et d’horizons ouverts que nous allons explorer ensemble.

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