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  • A la Une: «Non, pas la Pologne!»
    Jun 3 2025
    C’est le cri de dépit lancé par Le Soir à Bruxelles après l’élection dimanche à la présidence polonaise du candidat nationaliste Karol Nawrocki, incarnant le parti Droit et Justice (le PiS). « À peine, en Europe, a-t-on eu le temps de pousser un "ouf" de soulagement qu’on se retrouve à nouveau hors d’haleine, soupire le quotidien belge, étouffés par la vague populiste et extrémiste qui continue de “remporter" nombre de démocraties. Après la victoire du centriste Nicusor Dan en Roumanie, on s’était repris à croire à la force des mobilisations citoyennes et à la puissance des électeurs déterminés à ne pas laisser leurs gouvernements passer fatalement dans le camp de l’extrême droite et de ses multiples déclinaisons. Mais, depuis ce dimanche et la victoire à la présidence de la Pologne du candidat national populiste Karol Nawrocki, le sursaut roumain ne pèse plus lourd au regard du coup de massue venu de Varsovie ».« Un échec et un cauchemar pour le gouvernement Tusk »« Pologne : un coup de tonnerre dans le ciel européen », renchérit Le Monde à Paris. C’est « un échec et un cauchemar pour le gouvernement Tusk, au pouvoir depuis les élections législatives d’octobre 2023 et dont l’agenda progressiste de rétablissement de l’État de droit était freiné par l’obstruction du président sortant conservateur, Andrzej Duda. En cohabitation avec Nawrocki, le pro-européen Tusk va devoir composer avec un président qui maniera son droit de veto avec beaucoup plus d’activisme que son prédécesseur et tentera de le pousser à organiser des élections anticipées. (…) L’élection de Nawrocki est aussi lourde de conséquences pour l’Union européenne, pointe encore Le Monde. Le nouveau président ne remet pas en cause l’appartenance de son pays à l’UE, ni celle à l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord, mais il appuiera les forces souverainistes au sein de l’Union et il est opposé à l’adhésion de l’Ukraine à l’OTAN ».Enfin, relève Le Monde, « cette victoire du camp nationaliste en Pologne illustre la poussée de la dynamique d’extrême droite en Europe appuyée par les ingérences américaines. Karol Nawrocki était, de fait, le candidat de Donald Trump ». L’ombre de Trump…En effet, « Trump triomphe en Pologne », insiste Die Welt à Berlin. « Le leitmotiv est toujours le même – celui qui a sous-tendu le discours du vice-président de Trump, J.D. Vance, lors de la Conférence de Munich sur la sécurité en février : l’Europe est dépeinte comme un continent où la liberté d’expression est mise à mal par la gauche – et où l’immigration massive incontrôlée menace la perte de la culture et des traditions conservatrices. Selon cette représentation, la seule issue réside dans les mouvements et partis nationalistes d’extrême droite européens. Eux seuls peuvent rendre à l’Europe sa grandeur et la ramener à un prétendu âge d’or ».Alors, soupire Die Welt, « “la Pologne d’abord", “l’Allemagne d’abord", « la Roumanie d’abord". C’est le rêve d’une Europe des patries souveraines ».Et le quotidien allemand de s’interroger :« le continent est-il réellement en route vers un avenir politique meilleur si tous les pays se comportent de manière égoïste et nationaliste, à l’image de l’Amérique de Trump ? Difficile à imaginer ».Deux visions sociétales aux antipodesEn tout cas, résume Le Temps à Genève, « avec Karol Nawrocki président, la Pologne reste un pays extrêmement divisé, où se font face deux visions sociétales aux antipodes. Des blocages pourraient survenir concernant l’avortement, les droits LGBT+, la migration ou encore l’aide aux réfugiés ukrainiens. Les liens avec Bruxelles risquent de se tendre. Notamment sur les questions liées à l’Etat de droit. Le premier ministre Donald Tusk, à la tête de la présidence tournante de l’UE jusqu’à fin juin, a bien sûr déjà dû composer avec un président conservateur. Mais le voilà, s’exclame encore le quotidien suisse, avec une nouvelle muselière bien tenace, lui qui espérait avoir les coudées franches ».Enfin, ce commentaire du Times à Londres : « la cohabitation est un mot odieux (…). “On dort dans le même lit, mais on rêve de choses différentes", dit un proverbe chinois. (…) Si le libéral Trzaskowski avait gagné, Tusk se réjouirait d’un partenariat de gouvernement dynamique. Au lieu de cela, il doit traîner un boulet jusqu’aux prochaines élections législatives, prévues pour 2027, entravé par un président déterminé à saper son action à chaque occasion (…) ».
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  • À la Une: l’opération «Paoutina»
    Jun 2 2025
    Paoutina qui veut dire en ukrainien « toile d’araignée » : ce qu’ont réalisé hier dimanche les services secrets ukrainiens est « une opération militaire unique dans l’histoire, s’exclame Le Soir à Bruxelles, stupéfiante à bien des égards ».À savoir, le « bombardement de quatre des principaux aérodromes militaires russes, abritant la flotte de bombardiers stratégiques, au moyen de simples petits drones dissimulés dans des camions. En l’espace de deux heures, 41 appareils porteurs de missiles de croisière ont été détruits, soit un tiers de la flotte aérienne stratégique russe ! Les forces ukrainiennes ont souvent fait preuve d’audace, relève Le Soir, mais elles ont encore repoussé leurs limites avec cette opération “Paoutina", semble-t-il planifiée depuis un an et demi ».Le « Pearl Harbor russe »C’est « une humiliation pour l’armée et les services secrets russes »,s’exclame La Croix à Paris. La Croix qui cite cette réaction du blogueur militaire russe Roman Alekhine : « c’est le Pearl Harbor russe ».Le Washington Post fait le rapprochement également avec Pearl Harbor… « Les Ukrainiens ont à nouveau réécrit les règles de la guerre hier, affirme le journal. Le haut commandement russe a dû être aussi abasourdi que les Américains en 1941 (lors de l’attaque japonaise), lorsque les Ukrainiens ont mené hier cette attaque surprise contre cinq bases aériennes russes situées loin du front - dont deux à des milliers de kilomètres dans le Grand Nord et en Sibérie. (…) L’analogie avec Pearl Harbor est pertinente, poursuit le Washington Post, dans la mesure où les deux attaques signent l’obsolescence de systèmes de frappes autrefois dominants : à savoir en 1941, les cuirassés, et aujourd’hui, les avions pilotés ».Vulnérabilité…En effet, « des essaims de drones ukrainiens, dont la construction a probablement seulement coûté quelques dizaines de milliers de dollars, ont pu détruire les aéronefs russes les plus sophistiqués, provoquant plus de 2 milliards de dollars de dégâts ». Et « ce faisant, relève encore le Washington Post, les Ukrainiens ont révélé une vulnérabilité qui devrait donner des insomnies à tous les généraux du monde. (…) Les armées qui pensaient avoir sécurisé leurs bases aériennes avec des clôtures électrifiées et des postes de garde devront désormais compter avec la menace aérienne que représentent les drones bon marché, omniprésents et facilement modifiables à des fins militaires ».Commentaire du Devoir à Québec :« en quelques années, les Ukrainiens, tragiquement forcés par les événements, ont bâti de remarquables capacités militaires. Ce dernier épisode — avec “zéro aide occidentale“ — le démontre encore une fois : peu à peu, l’Ukraine s’autonomise face à ses donateurs et à ses soutiens et s’affirme comme nation ».Paris en liesse…A la Une également, Paris qui n’en finit plus de fêter son sacre en ligue des Champions…« Jour de liesse », lance Le Parisien en première page. « De la plus célèbre avenue du monde au Parc des Princes, en passant par l’Elysée, Paris a honoré les joueurs de Luis Enrique (…). Une douce folie ».« Paris vaut bien une liesse », ironise Libération, travestissant ainsi la fameuse formule d’Henri IV.« Les scènes de joie qui ont suivi le match de samedi sont la preuve d’un élan collectif toujours vivace pour les grands-messes sportives, poursuit le journal, quelques mois après la vague d’enthousiasme pour les Jeux olympiques, qui avaient redonné du peps à une France affectée par une dissolution ratée. Et rien de mieux pour faire société, relève Libé, quand émerge en plus la figure d’un jeune héros. Tel Kylian Mbappé en 2018, c’est aujourd’hui un jeune nommé Désiré qui suscite la passion de tout un peuple. Avant cette finale, une question agitait le microcosme des journalistes sportifs, celle de la “nationalité" du PSG, localisé à Paris mais puissant instrument de soft power qatari. Pourtant, pointe Libération, avec ses pépites de joueurs tricolores comme Désiré Doué, Ousmane Dembélé ou Bradley Barcola, et sa réussite portée par son sens du jeu collectif, ce PSG-là a su se faire aimer des Français, au-delà de la capitale ».L’Equipe, enfin, s’interroge : quid de l’avenir ? « Le club parisien peut envisager d’autres conquêtes, à l’horizon », affirme le quotidien sportif. Contrairement à d’autres clubs, « le PSG a les moyens (financiers) de sécuriser tous ses jeunes joueurs et d’être inattaquable par les grandes familles du foot européen. La théorie du début d’une domination est aléatoire, mais séduisante. Tout dépendra de la capacité du PSG à continuer de grandir et à digérer cet accomplissement, et de la manière dont ses adversaires vont réagir ».
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  • À la Une, les armes vont-elles enfin se taire à Gaza ?
    May 31 2025
    Après 19 mois de guerre quasi-ininterrompue, certains journaux s’autorisent à y penser, après qu’Israël a accepté une proposition américaine de cessez-le-feu. Plusieurs d’entre eux – à commencer par Haaretz et le Jerusalem Post – rapportent les propos du président Donald Trump selon qui « Israël et le Hamas sont proches de signer un accord. » Reste à voir ce qu’en dit le groupe armé palestinien, qui à ce stade, analyse Haaretz, « demeure hésitant, (…) à cause du manque de garanties sur la fin effective de la guerre. » Surtout, écrit le journal israélien, qui a pu consulter la proposition de cessez-le-feu, le Hamas « n’a pas confiance en la volonté de Donald Trump d’intervenir si les discussions coincent. » Et le Jerusalem Post va plus loin : d’après le quotidien, « le Hamas se sent trahi par l’administration américaine, et pense s’être ‘fait avoir’ avec une proposition pro-israélienne. » Les États-Unis, toujours fervents soutiens d'IsraëlMalgré une séquence qui a « souligné la volonté grandissante de l’Europe de faire pression sur le gouvernement Netanyahu », retrace le Washington Post, les positions européennes restent « en conflit avec le soutien vocal et continu des États-Unis ». Les européens, eux, font part d’une « insatisfaction grandissante », rappelle le titre. Ils « ont perdu patience avec Benyamin Netanyahu, ont tenu compte de l’opinion publique et ont assisté à un nouveau tournant sombre de la guerre », lorsque les autorités israéliennes ont bloqué pendant près de trois mois l’entrée de l’aide humanitaire à Gaza. Même maintenant que le blocus a pris fin, décrit Haaretz, le pays « ne laisse entrer l’aide qu’au compte-gouttes » – pour le journal israélien, l’enclave palestinienne est même devenue « le lieu le plus affamé de la planète ». La faim, la dévastation, le désespoir, sont presque trop grands pour être mesurés. Il le faut pourtant, et le New York Times s’y attelle : « La famine à Gaza peut être calculée au nombre de côtes saillantes d’une fillette de six ans, (…) aux kilos qu’elle et ses proches ont perdu. Aux deux tomates, aux deux poivrons, et à l’unique concombre qu’un enfant peut acheter pour nourrir toute sa famille ce jour-là. »La situation est dramatique et pourtant, rien, ou si peu, ne bouge. C’est comme si, écrit un penseur de confession juive dans les colonnes du Monde, « les Palestiniens n’exist[aient] plus, de manière générale, dans l’esprit des Israéliens ». Cet auteur, qui a passé de longues années au Rwanda, sans comparer deux situations qui « ne sont guère comparables », rappelle qu’en 1993, « on évoquait un risque de génocide, mais on ajoutait toujours que cela n’arriverait pas. À Gaza, c’est la même chose ». Avec un risque, selon lui : « une inflexion du destin » de l’enclave, mais aussi d’Israël, dont l’attitude « est un renoncement à ce qu’il a été ». N’en déplaise à Donald Trump. Pour ce même auteur, le président américain, avec son idée de station balnéaire à Gaza, « veut couvrir la zone de peinture blanche, y construire (…) un endroit joyeux. C’est une manière absurde d’effacer l’histoire ». D'autres préoccupations pour le président américainEt principalement, encore et toujours, ses droits de douane. Malgré un revers en justice, le président américain ne désarme pas : « Il a annoncé [hier], rapporte Le Devoir au Canada, que la surtaxe sur l’acier et l’aluminium passerait mercredi prochain à 50 %. » Une nouvelle escalade dans sa politique douanière, que le South China Morning Post décrit sans aménité : « L'ignorance, l’arrogance, (…) et la peur de 'l’autre' ont convergé, en une démonstration de la grossièreté américaine sous stéroïdes. » Des justifications économiquesC’est en tout cas l’opinion du Wall Street Journal, puisque « le prix mondial de l’acier a chuté ces derniers mois », le quotidien juge qu’il est « plus facile pour les acheteurs de payer les taxes actuelles sur les imports, tout en acquérant de l’acier à un prix réduit par rapport aux tarifs nationaux ». Ces nouvelles surtaxes devraient donc régler le problème, tout en « donnant aux producteurs locaux plus de pouvoir pour augmenter leurs prix ».Une analyse que ne partage pas le South China Morning Post : en réalité, juge le titre, « le déficit commercial américain, souvent cité comme justification, n’est que le symptôme d’un malaise plus profond ». Celui d’une Amérique « qui cherche désespérément à montrer sa force », une Amérique dont l’image « a été soutenue pendant des décennies par une hégémonie économique » à présent « en déclin ». Finalement, assène le quotidien, cette séquence révèle « la vacuité du soi-disant rêve américain (...
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  • À la Une: un pas en avant, deux pas en arrière aux États-Unis
    May 30 2025
    C'est le rythme auquel avance la lutte entre les tribunaux américains et le président Donald Trump en ce moment. La justice a suspendu ses droits de douane ? Pas de problème, l’administration réplique et obtient « une "suspension d’urgence" de la décision » raconte le Guardian.C’est là surtout un moyen de gagner du temps, pour que, raconte le Wall Street Journal « les responsables américains évaluent leurs options, au cas où elles doivent trouver une nouvelle autorité légale pour imposer les droits de douane » présidentiels. Car c’est bien là le problème : les tribunaux ont suspendu ces mesures au motif que le président, lui, n’avait pas l’autorité pour les imposer.La question de la stratégieSelon le Wall Street Journal toujours, « l’équipe du président examine une réponse en deux temps. » D’abord, se tourner vers « une disposition jamais utilisée de la loi sur le commerce de 1974, » pour « imposer des droits de douane provisoires sur des pans entiers de l’économie mondiale pendant 150 jours. » Pendant ce temps-là, il pourrait, en vertu de la même loi, « concevoir des droits de douane individualisés pour chaque grand partenaire commercial. »À moins que, pointe le Washington Post, l'administration ne décide d' « ignorer cette décision de justice, de continuer de récolter les droits de douane et de défier quiconque de l’arrêter. » Ce ne serait pas la première fois que l’équipe Trump adopte cette attitude, souligne le New York Times même si, admet le Post, cette option « nucléaire » « déclencherait immédiatement une crise constitutionnelle ».L'exécutif retient son souffle, l'économie aussiLes entreprises américaines sont bien obligées, grimace le New York Times, « de digérer rapidement ce dernier rebondissement dans [une] guerre douanière aux airs de montagnes russes », qui, une fois de plus, « rend impossible toute planification au-delà de quelques semaines. » Une plaie pour les commerces et plus largement pour l’image des États-Unis. Un entrepreneur interrogé par le quotidien martèle que le pays « a besoin d’être connu à travers le monde comme un partenaire fiable »or, c’est pour l’instant tout l’inverse qui se produit.Un autre entrepreneur fait la moue Et pas n’importe lequel : Elon Musk lui-même ! « Un petit tour et puis s’en va, » ironise Le Figaro. On a appris cette semaine le départ du milliardaire américain du Doge, ce département d’État créé pour sabrer dans les dépenses administratives du pays avec un bilan « plus que mitigé » juge le quotidien, puisque si Elon Musk « promettait plus de 1 000 milliards de dollars d’économies sur le budget fédéral », il n’a finalement réussi à en obtenir que 150 malgré ses « licenciements spectaculaires » et autres coups de tronçonneuse. Sa méthode – « celle du chaos, de l’outrance et de la précipitation, (…) la marque de fabrique du trumpisme », tance le Figaro – a échoué : retour aux affaires donc, X, Tesla, et surtout SpaceX, puisque rappelle une autre journaliste du quotidien, « selon lui, l’avenir sera extra-planétaire ou ne sera pas. » La Terre en piteux état En témoigne l’effondrement de ce glacier, jeudi à Blatten, petit village suisse quasi intégralement englouti, « dévoré » dit le Bild allemand, par 3 millions de mètres cubes de roche et d’eaux boueuses. Finie, « la vue autrefois magnifique sur les Alpes » : là où se dressait avant la montagne, trône à présent « un grand trou béant. » Après cet éboulement, restent, raconte Le Temps, « les chants des oiseaux et les pales des hélicoptères » seuls désormais à troubler « le calme d’une vallée qui semble presque déserte. » Dans une vallée défigurée, « les vaches s’affalent dans les prés, le soleil rayonne : ils rappellent que la nature continue de vivre à son rythme, sans en demander la permission. »Pour autant, on est loin du « jour d'après », alerte Bild : « la prochaine catastrophe se profile, » puisque « le lit de la rivière » toute proche est bloqué par les décombres et « il a commencé à pleuvoir, ce qui augmente les risques d’inondation. » Le Temps signale quant à lui que « le site est si dangereux que personne ne peut intervenir sur les lieux. » Et au-delà de Blatten, cet événement, aussi rare soit-il, « jette une lumière crue sur la mauvaise santé des glaciers ». D’autant qu’une nouvelle étude, rapportée par le New York Times, est formelle : en dépit « des stratégies de limitation de la casse climatique », « certains glaciers disparaîtront quoi qu’il arrive. »
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  • À la Une: Poutine, Netanyahu et Trump
    May 29 2025
    Trois hommes, trois dirigeants influents, trois personnalités pour le moins controversées encore et toujours au centre des commentaires de la presse. Et particulièrement ce matin. D’abord ce triste constat, établi par L’Orient-Le Jour à Beyrouth : « infiniment meurtrière est la déraison dont font montre les hommes qui mènent le monde. On peut se demander si notre ronde planète n’a pas perdu la boule dans cet enchevêtrement de guerres, de chantages à l’apocalypse nucléaire et de batailles commerciales qui font désormais l’actualité internationale. Cela peut paraître absurde, poursuit le quotidien libanais, mais nul mieux que ce fantasque Trump ne pouvait en témoigner. Le chef de la Maison-Blanche n’a jamais caché en effet son admiration pour Vladimir Poutine ; mais voilà soudain qu’à ses yeux, le Russe est devenu complètement fou, pour avoir trop forcé sur les drones contre l’Ukraine. »Et L’Orient-Le Jour de s’interroger : « à partir de quel bilan en vies humaines l’œuvre de mort, accomplie avec la plus grande diligence, revêt-elle donc un caractère clinique ? Et quels nouveaux massacres dans son utopique Riviera de Gaza le président américain attend-il pour désigner du doigt cet autre fou furieux de Netanyahu, qui a largement dépassé son ancien score de 50 000 morts ? »« Bibi et Vlad : les hommes les plus recherchés au monde »Le Guardian à Londres n’hésite pas à mettre Poutine et Netanyahou dans le même sac. « Les dirigeants israélien et russe ont beaucoup en commun. Tous deux affirment toujours combattre héroïquement les nazis, respectivement à Gaza et en Ukraine. Cette fiction est utilisée pour justifier le massacre de civils, la spirale des pertes militaires et les énormes coûts économiques. Peut-être cela les aide-t-il à dormir la nuit. Bibi et Vlad : les hommes les plus recherchés au monde – et probablement les plus méprisés, s’exclame encore le Guardian. Superviser le meurtre, la mutilation et le traumatisme injustifiés de milliers d’enfants est l’un de leurs nombreux comportements communs. Ces deux “hommes forts“ autoritaires ont chacun fait de leurs pays des parias sur la scène internationale. Le conflit les maintient au pouvoir. Ils exploitent le sentiment patriotique pour intimider leurs opposants nationaux et vilipendent les critiques de l’étranger, les qualifiant d’antisémites, de sympathisants du terrorisme ou encore de russophobes. Ils font la guerre par peur de la paix. »Trump : « s’enrichir »Et Donald Trump en prend également pour son grade dans le New York Times. « Il est étrange d’observer comment Trump et Netanyahu utilisent un cahier des charges similaire pour saper leurs démocraties respectives (…), toutes les institutions qui défendent l’État de droit. Dans le cas de Trump, pointe le New York Times, il s’agit de s’enrichir personnellement et de déplacer la richesse du pays des moins privilégiés vers les plus privilégiés. Dans le cas de Netanyahu, il s’agit d’échapper aux nombreuses accusations de corruption qui pèsent sur lui et de déplacer le pouvoir et l’argent du centre démocratique et modéré d’Israël vers les colons et les ultra-orthodoxes. (…) L’année prochaine, relève encore le quotidien américain, Netanyahu devra organiser des élections nationales et Trump devra affronter les élections de mi-mandat. Les partisans de la démocratie et de la décence en Israël et aux États-Unis n’auront qu’une seule tâche à accomplir d’ici là : s’organiser, s’organiser et s’organiser pour conquérir le pouvoir. »Floué ou complice ?Trump ciblé aussi par Le Figaro à Paris. Cette fois pour son attitude ambiguë vis-à-vis du président russe. « Face à Poutine, Trump le floué consentant », c’est le titre de l’éditorial du Figaro.« N’ayant produit que des mirages, le “shérif“ de Washington menace maintenant de prendre ses cliques et ses claques et de laisser les protagonistes se débrouiller entre eux. C’est exactement ce que veut Poutine : réduire l’engagement de l’Amérique sur le Vieux Continent, abandonner les Européens à leurs lacunes sécuritaires et isoler l’Ukraine comme une proie à sa merci. On se demande, s’interroge Le Figaro, si le novice de la Maison-Blanche a été floué par le vieux briscard du Kremlin ou si une connivence entre eux s’exerce sur le dos de l’Europe, dont ils partagent la détestation. (…) Ce que le président des États-Unis ne semble pas voir, pointe encore Le Figaro, c’est que le mépris du Russe s’étend à son pays et à sa personne. De Moscou à Pékin, Trump est vu comme un accélérateur du déclin américain, ce qui en fait un homme paradoxalement ménagé par ceux qui ne lui veulent aucun bien. »
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  • À la Une : le bras-de-fer Trump-Poutine
    May 28 2025
    Donald Trump est à bout de patience avec Vladimir Poutine. « Hier, pointe le New York Times, il accusait le président russe de “jouer avec le feu“. La veille, il affirmait qu’il envisageait d’imposer des sanctions supplémentaires à la Russie en raison de la poursuite de ses bombardements sur des cibles civiles dans les villes ukrainiennes. » Toutefois, poursuit le journal, « après quatre mois de vaines menaces à l’encontre de Vladimir Poutine, reste à savoir si les derniers commentaires acerbes de Donald Trump indiquent une nouvelle phase agressive à l’encontre de la Russie ou alors s’ils se limitent à un nouveau coup d’épée dans l’eau. »Des paroles aux actes ?Pour le Washington Post, le président doit se montrer ferme et passer à l’acte. « Après quatre mois passés à se faire rouler dans la farine par Vladimir Poutine, Donald Trump semble enfin ouvrir les yeux sur l’infamie du dictateur russe. Chaque fois qu’il a tenté de mettre fin à la guerre qui dure depuis trois ans en Ukraine, notamment en appelant à un cessez-le-feu immédiat, Poutine a dit niet. »En fait, analyse le Washington Post, « tant que Poutine pensera pouvoir l’emporter militairement, il ne conclura pas d’accord pour mettre fin à la guerre. Lorsque Trump critique le président ukrainien Volodymyr Zelensky sur les réseaux sociaux, cela encourage Poutine à penser qu’il peut creuser un fossé entre les États-Unis et l’Ukraine. Et lorsque le vice-président JD Vance déclare : “nous sommes plus qu’ouverts à l’idée de nous retirer“ si un accord n’est pas conclu, il encourage lui aussi les Russes à traîner des pieds. »Alors, conclut le Post, « les États-Unis ne doivent pas s’incliner devant les atermoiements de la Russie et abandonner les pourparlers de paix. Le conflit en Ukraine est la guerre par procuration de notre époque entre le monde libre et les régimes autocratiques qui méprisent l’Amérique et l’Europe. Poutine est plus susceptible de répondre à la force qu’aux subtilités. Trump devrait le comprendre. »France : le droit à l’aide à mourirÀ la Une également, en France, le vote en première lecture à l’Assemblée de la loi sur le droit à l’aide à mourir et les soins palliatifs. Le Monde s’en félicite : « en votant hier deux textes sur le sujet aussi intime qu’universel qu’est la mort, les députés montrent qu’il est possible de passer outre l’instrumentalisation politique et les clivages partisans pour faire progresser la société française. (…) Les avancées que rendent possibles ces propositions de loi répondent à des préoccupations fondamentales de chacun – la peur de la souffrance et de la solitude au moment de la mort, la liberté de choisir sa fin de vie –, tout en cherchant à préserver un impératif collectif, la protection des plus vulnérables. »Le quotidien catholique La Croix, à l’instar de la Conférence des évêques de France, n’est pas d’accord : « légiférer sur la fin de vie n’est pas affaire que de liberté personnelle. Ce “droit à l’aide à mourir“ nécessitera l’action d’autrui. Il engage donc un projet de société, il a des répercussions sur ce qui nous lie. Beaucoup de soignants s’opposent ainsi à une mise en cause du pacte de soin. Et des associations de personnes handicapées craignent que la loi induise l’idée que les vies marquées par le handicap ou la maladie ne méritent plus d’être vécues. »Pour Ouest-France, certes, « dans les sondages, une majorité de Français y apparaît favorable (…). Mais le débat mérite d’être poursuivi. La loi ne peut pas tout, et notamment prévoir l’ensemble des situations, tant chaque vie est singulière. »Enfin le Guardian à Londres se fait l’écho également de ce débat en France sur la fin de vie. Le Guardian qui relève qu’une loi sur le même sujet est aussi en discussion depuis novembre dernier devant le Parlement britannique. Et que plusieurs pays européens ont franchi le pas avec des variantes : Pays-Bas, Belgique, Luxembourg, Autriche, Espagne. Enfin, la Suisse est le premier pays où l’aide médicale à mourir a été légalisée.
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  • À la Une : l’Europe hausse le ton face à la Russie
    May 27 2025
    Et surprise, c’est le chancelier allemand Friedrich Merz qui est à la manœuvre. C’est ce que constate Le Figaro à Paris : « Les alliés occidentaux ne fixent plus de “limitations“ à la portée des armes qu’ils envoient à l’Ukraine : par cette déclaration, le chancelier Friedrich Merz ouvre un nouveau chapitre du soutien militaire européen à Kiev, et ceci au moment où la position de Washington à l’égard du conflit reste des plus nébuleuses et où la Russie intensifie ses attaques nocturnes sur le territoire de son voisin. “Cela signifie que l’Ukraine peut désormais se défendre, par exemple, en attaquant des positions militaires en Russie (...) ce qu’elle ne faisait pas, il y a quelque temps, à quelques exceptions près. Elle peut le faire maintenant“, a déclaré hier le dirigeant allemand. »Commentaire de Die Welt à Berlin : « soudainement, l’Allemagne apparaît comme un pays qui veut montrer la voie en matière de politique de sécurité en Europe et qui, si nécessaire, prendra de nouvelles décisions concernant le soutien à l’Ukraine en alliance avec la Grande-Bretagne, la Pologne et la France. L’Allemagne, décrite il y a peu comme faible et en crise, par le chef de l’opposition Friedrich Merz, est maintenant perçue par le même Friedrich Merz, désormais chancelier, comme un pays pilier de la sécurité européenne. »DiscrétionL’Ukraine pourrait donc utiliser des armes fournies par ses alliés européens pour frapper la Russie en profondeur. Le conditionnel reste de rigueur pour Le Monde à Paris. « Aucun des pays concernés n’a pour l’instant confirmé cette évolution de la doctrine militaire, qui aurait des conséquences potentielles importantes pour la suite du conflit. Friedrich Merz n’a pas spécifié si ses propos auraient une incidence sur les armes livrées à l’avenir par Berlin à l’Ukraine, en particulier concernant les missiles de longue portée Taurus. (…) Avant son entrée en fonction début mai, rappelle Le Monde, il s’était dit favorable à la livraison de ces missiles d’une portée de plus de 500 kilomètres, permettant d’atteindre le territoire russe en profondeur. Mais depuis, il s’est montré plus ambigu, soulignant qu’il ne détaillerait plus les armes qu’il enverrait à l’Ukraine, pour des raisons stratégiques, afin de ne pas en informer Moscou. »Renforcer les sanctions !En attendant une éventuelle fourniture à l’Ukraine de ces missiles longue portée, il faut accentuer la pression sur la Russie sur le plan économique. C’est ce que préconise le Times à Londres. « Puisque Vladimir Poutine ne semble voir aucun avantage à mettre fin aux combats, la seule façon envisageable de l’amener à la table des négociations est d’exercer une pression croissante et ciblée sur Moscou. (…) Si Donald Trump croit encore en sa mission de médiation, il doit à la fois élargir et renforcer les sanctions financières et les interdictions de voyager contre les responsables du Kremlin, les dirigeants du secteur bancaire et du secteur de l’énergie. Surtout, il doit les affiner de manière à ce que l’économie russe souffre plutôt qu’elle ne profite de la poursuite de la guerre. »Déjà un premier pas, note le Times : « le Sénat américain doit examiner cette semaine un projet de loi sur les sanctions secondaires élaboré par le sénateur Lindsey Graham pour punir les pays achetant du pétrole et du gaz russes. Au cours des trois dernières années, des flottes fantômes, échappant aux sanctions, ont contribué à générer les fonds nécessaires au maintien de l’armée russe sur le terrain et dans les airs. Ces profiteurs pourraient bientôt être touchés, perdant leurs marchés aux États-Unis et dans une grande partie du reste du monde. »Gaza : au-delà de l’horreur, un « génocide »À la Une également, la situation humanitaire catastrophique à Gaza. « Gaza, injustifiable ! », titre Libération en première page. Libération qui publie une tribune signée par 300 écrivains, parmi lesquels plusieurs prix Goncourt et un prix Nobel. « Nous ne pouvons plus nous contenter du mot “horreur”, il faut aujourd’hui nommer le “génocide” à Gaza », affirment-ils.Enfin, à lire cette autre tribune dans le quotidien israélien Haaretz, signée Ehoud Olmert, ancien Premier ministre et prédécesseur de Benyamin Netanyahu. « Ce que nous menons actuellement à Gaza est une guerre de dévastation, écrit-il. Oui, Israël commet des crimes de guerre. (…) Le gouvernement Netanyahu est désormais un ennemi de l’intérieur. Il a déclaré la guerre à l’État et à ses habitants. (…) Il est temps d’arrêter, s’exclame encore Ehoud Olmert, avant que nous soyons tous bannis de la famille des nations et convoqués devant la Cour pénale internationale pour crimes de guerre, sans aucune défense valable. Ça suffit. »
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  • À la Une: mort et destruction à Gaza
    May 26 2025
    Hôpitaux, écoles, camps de réfugiés, simples habitations : les bombes pleuvent sur Gaza depuis la reprise de l’offensive israélienne sur l’enclave le 17 mai. Rien qu’hier, les frappes aériennes ont fait 22 morts.Le Guardian à Londres relate la tragédie qui a frappé vendredi la famille d’un couple de médecins : « aux premières heures, comme chaque jour, le docteur Alaa al-Najjar, mère de 10 enfants leur dit au revoir avant de quitter la maison. Le plus jeune, Sayden, six mois, dort encore. Et comme chaque jour, alors que la guerre fait rage à Gaza et que les frappes israéliennes s’abattent à quelques mètres de son quartier de Khan Younis, elle s’inquiète de les laisser à la maison sans elle. Mais elle n’a guère le choix, pointe le Guardian. Pédiatre respectée au complexe médical Nasser, elle fait partie des derniers médecins présents à Gaza. Elle doit aller travailler pour soigner les bébés blessés qui ont survécu aux attaques israéliennes. Elle n’imagine pas que cet adieu à sa famille sera le dernier. Quelques heures plus tard, les corps calcinés de sept de ses enfants, tués dans un raid aérien israélien sur Khan Younis, arrivent à son hôpital. Deux autres corps, dont celui de Sayden, restent sous les décombres. De ses dix enfants, un seul a survécu, ainsi que leur père, Hamdi al-Najjar, 40 ans, également médecin. Tous deux sont actuellement hospitalisés ».Le Guardian précise que « selon le ministère de la Santé de Gaza, les frappes israéliennes ont fait au total près de 54 000 morts, dont plus de 16 000 enfants ».« Rien ne me préparait à ce que j’ai vu et vécu à Gaza »À lire dans Le Monde à Paris, les bonnes feuilles du livre de l’historien et spécialiste du Proche-Orient, Jean-Pierre Filiu. Un livre intitulé Un historien à Gaza, qui paraît après-demain mercredi. Jean-Pierre Filiu évoque son voyage de trente-deux jours, du 19 décembre au 21 janvier, au sein du territoire palestinien. « Un témoignage rare », souligne Le Monde. « "Rien ne me préparait à ce que j’ai vu et vécu à Gaza. Rien de rien. De rien" : ainsi débute l’ouvrage de l’historien, relate le journal, récit des semaines passées dans la bande de Gaza au sein d’une équipe de Médecins sans frontières, en partie cantonnée à la "zone humanitaire" dans le centre et le sud de l’enclave. Ce spécialiste du Proche-Orient se rend régulièrement à Gaza depuis les années 80. En complément de son témoignage direct des ravages et des souffrances causés par la guerre déclenchée après l’attaque du Hamas le 7 octobre 2023, il propose, précise Le Monde, une mise en perspective historique du conflit entre Israël et ce territoire occupé ou sous blocus depuis sa conquête en 1967.Un récit d’autant plus nécessaire que les autorités israéliennes interdisent à la presse étrangère l’accès à l’enclave. Qu’il s’achève sur les images de liesse lors de la trêve déclarée le 19 janvier rend plus déchirants les espoirs de paix, rompus par le blocus humanitaire décidé par l’État hébreu début mars et la reprise des bombardements israéliens ».« L’opinion publique doit se réveiller »Ce matin, en Israël, le quotidien d’opposition Haaretz hausse le ton : « il est impossible d’expliquer, et encore moins de justifier, ce qu’Israël fait dans la bande de Gaza. C’est une campagne de vengeance qui a totalement échappé à tout contrôle. Elle se poursuit pour des raisons politiques. Elle n’a aucun objectif militaire ou diplomatique et ne bénéficie d’aucun soutien international. Et elle est menée au prix de la vie des otages. (…) L’opinion publique doit se réveiller, poursuit Haaretz. Elle doit crier haut et fort et exiger la fin de la guerre. Elle doit exiger la fin de ce massacre inconcevable de civils, y compris d’enfants, que ce soit par la famine délibérée ou par les bombardements aériens ».Urgence…Enfin, le Jerusalem Post, plutôt favorable au pouvoir en place, estime que le temps presse… « Plus la guerre durera et plus les victimes civiles s’accumuleront, plus cela portera atteinte à la réputation internationale d’Israël et renforcera le défi auquel sont confrontés les défenseurs de l’État juif dans le monde entier pour faire valoir la légitimité d’Israël dans sa juste bataille contre le Hamas. L’urgence est flagrante en ce qui concerne nos réservistes (…). Mais surtout, l’urgence est ressentie chaque jour et chaque heure par les otages de Gaza et leurs familles qui vivent un enfer (…). Israël doit donc prendre une décision, affirme encore le Jerusalem Post. Va-t-il continuer à faire un pas en avant puis un autre en arrière dans son double effort pour vaincre le Hamas et ramener les otages à la maison ? »
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