Chronique des matières premières Podcast Por RFI arte de portada

Chronique des matières premières

Chronique des matières premières

De: RFI
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Céréales, minerais ou pétrole, les ressources naturelles sont au cœur de l’économie. Chaque jour, la chronique des matières premières décrypte les tendances de ces marchés souvent méconnus.

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  • L'impact de la guerre sur les olives en Cisjordanie occupée
    Jul 17 2025

    Surnommée « l'or vert de Palestine », l'huile d'olive représente un secteur agricole vital, tant sur le plan économique que culturel pour les Palestiniens. En Cisjordanie occupée, les mois de la guerre meurtrière d'Israël contre les Palestiniens – et les violences répétées qui y sont liées – ont gravement fragilisé la filière de l'olive. En 2023, la récolte a été rendue impossible dans le sillage du 7-Octobre, et en 2024, les attaques de colons ont perturbé la cueillette. Qu'en sera-t-il de 2025, après presque deux ans de guerre et de restrictions continues ?

    C'est la pierre angulaire de l'économie palestinienne. Mais cette année, le comité agricole palestinien a mis en garde. D'une part, des milliers d'arbres ont été détruits ou rendus inaccessibles : rien qu'en juin 2025, 604 oliviers ont été vandalisés, chaque arbre représentant des décennies de croissance perdue. D'autre part, les récoltes et les revenus qui en dépendent se sont effondrés. Moins de disponibilité donc, un moindre volume d'olives pressées et une qualité des olives altérée par manque d'entretien.

    Un producteur d'huile d'olive à Umm Safa, Akram Tanatra, raconte qu'il n'a pas pu faire de cueillette en 2023 à cause des restrictions, qu'il n'a cueilli que 10% de sa récolte l'an dernier par peur des colons, et qu'il craint aussi l'alternance de la production. Car si une saison a été bonne, la prochaine le sera moins, les olives fonctionnant sur un cycle alternatif, auquel s'ajoute l'aggravation des conditions climatiques et un risque de sécheresse qui perdure.

    Des perspectives pour la récolte 2025 qui restent incertaines

    L'anticipation tourne autour de 20 et 27 millions de litres d'huile d'olive. Un volume qui dépendra surtout des variables clés liées à la situation sur le terrain, et donc de la guerre : l'accès et la sécurité. D'après les prévisions de l'agence humanitaire des Nations unies, si ces deux variables ne sont pas assurées, la production pourrait chuter de 10 à 15%.

    Dans son dernier rapport publié en mars, l'organisation chiffrait d'ailleurs les pertes de la saison 2024, dont la récolte a eu lieu un an après le 7-Octobre : 35 000 dunums, l'équivalent de 3 500 hectares d'oliveraies non accessibles, et 8,5 millions de dollars de pertes directes.

    Rien ne prouve pour le moment que cette année ira dans le bon sens : les parcelles de terre des villages sont grignotées petit à petit par des avant-postes israéliens qui s'installent et perdurent, les manifestations populaires des habitants sont réprimées par l'armée et les violences des colons se généralisent et augmentent, en nombre comme en intensité.

    Au niveau global, les prix de l'huile d'olive ont également commencé à reculer légèrement après des années de forte hausse. Une tendance qui pourrait peser grandement sur les marges des producteurs palestiniens, dont les coûts de transports et de sécurité restent élevés.

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  • Ravagée par la guerre civile, la Birmanie est devenue un narco-État
    Jul 16 2025

    En Birmanie, la culture du pavot bat tous les records. Malgré une légère baisse, le pays conserve sa place de premier producteur mondial d’opium devant l’Afghanistan, où la production s’est effondrée suite au retour des talibans au pouvoir. Depuis le coup d’État militaire, il y a plus de quatre ans, le pays est en proie à la guerre civile. L’ampleur de la production de drogue est étroitement liée à ce conflit armé qui oppose la junte birmane à une multitude de groupes ethniques armés, en particulier dans la région du Triangle d’or, où fleurissent culture de l’opium et trafic en tout genre.

    La guerre s’éternise, entraînant avec elle un appauvrissement généralisé de la population, et des dizaines de milliers de déplacés. Plusieurs États birmans traditionnellement tournés vers la production d’opium depuis la période coloniale ont choisi de revenir à la culture du pavot, notamment dans le Triangle d’Or et son centre névralgique l’État Shan, pauvre et isolé, frontalier du Laos, de la Chine et de la Thaïlande, qui y consacre 88% de sa superficie.

    L’ONUDC, l’agence onusienne contre la drogue et le crime, relève que malgré une légère baisse, la quantité d’opium produite l’an dernier avoisine les niveaux les plus élevés enregistrés, il y a plus de vingt ans. La production reste très inégale selon les régions : -10% dans l’État Kachin contre + 18% dans l'État Chin, frontalière avec l’Inde.

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    Malgré une baisse des prix - environ 304 dollars le kilo - la production de l’opium constitue l’une des plus importantes sources de revenus pour les belligérants et les mafias régionales.

    Toujours selon l’ONUDC, les gains tirés de la production d’opium et d’héroïne sont estimés entre 522 millions et près d’un milliard et demi d’euros. Ces revenus permettent au régime militaire d’acheter des armes de plus en plus sophistiquées et aux groupes insurgés de résister et de financer leurs opérations contre la junte.

    Selon les experts, des alliances existent depuis longtemps entre des officiers militaires birmans de haut rang, des groupes armés ethniques, des réseaux criminels locaux et le Sam Gor, une organisation criminelle transnationale, basée en Asie et qui regroupe les plus importants groupes mafieux de la région, dont les triades chinoises. Ce cartel qui gère la logistique, le raffinage et la distribution de la drogue génère jusqu’à huit milliards de dollars par an.

    Effondrement économique, insécurité alimentaire, absence de services publics et grande instabilité ont poussé de nombreux agriculteurs et ménages à se reconvertir dans la culture du pavot, plus rentable que les cultures traditionnelles. La production d’opium leur permet d’arrondir leurs fins de mois et constitue un moyen de survie pour les milliers de déplacés internes qui ont perdu leur emploi.

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  • RDC-Rwanda: les minerais de la discorde ?
    Jul 15 2025

    On poursuit ce mercredi 16 juillet notre semaine consacrée aux effets des guerres et des conflits sur les matières premières. Aujourd'hui, on se penche sur les minerais de la discorde entre la RDC et le Rwanda.

    Pour Kinshasa, le conflit avec le Rwanda est avant tout lié aux minerais, une lecture contestée par Kigali et l’AFC/M23. Pourtant, pour de nombreux experts, ces ressources jouent aussi un rôle central dans la crise. Alors, de quels minerais parle-t-on ?

    On désigne principalement trois ressources très convoitées, appelées les « minerais 3T ». D’abord, il y a le coltan. C’est un mot formé à partir de colombite et de tantalite. Il contient du tantale, un métal rare utilisé pour fabriquer les condensateurs dans nos téléphones portables, nos ordinateurs et d’autres appareils électroniques. Ensuite, la cassitérite, à la base de la production de l’étain, utilisé dans les soudures et l’emballage. Et enfin, le tungstène, qui sert notamment à fabriquer certaines armes, des outils de forage et des pièces pour l’aéronautique. Ces minerais sont indispensables à l’industrie mondiale. Et comme ils se trouvent en abondance dans l’est de la RDC, leur exploitation artisanale attire des groupes armés et des réseaux de contrebande, souvent liés à des intérêts venus de l’étranger. On ne peut pas non plus oublier l’or, une vraie valeur refuge. Plus discret, plus facile à transporter, mais aussi plus difficile à tracer, il alimente aussi de nombreux circuits parallèles, parfois encore plus lucratifs.

    Et l’AFC/M23 dans tout ça ?

    Il faut dire que la zone contrôlée par l’AFC/M23 touche directement la frontière avec le Rwanda. Et ce n’est pas un détail anodin. Depuis plusieurs années, le Rwanda est une des principales voies de sortie pour certains minerais extraits dans l’est de la RDC. Prenons un exemple concret : la région de Rubaya, l’un des bastions miniers passés sous le contrôle de l’AFC/M23. D’après des estimations officielles, Rubaya à elle seule représenterait entre 15 et 30 % de la production mondiale de coltan. Rien que ça. Et selon le groupe d’experts de l’ONU, sur le terrain, les opérations minières sont étroitement surveillées par les combattants de l’AFC/M23. Le groupe encadre les activités d’extraction, supervise les sites de lavage des minerais, et garde la main sur plusieurs centres de négoce. Selon des sources onusiennes, l’AFC/M23 a transporté plusieurs centaines de tonnes de coltan, de cassitérite et de wolframite depuis des sites à Goma, Bukavu et Nyabibwe. Une fois au Rwanda, ces minerais ne restent pas tels quels. Ils sont mélangés à la production locale, ce qui permet de les faire passer pour des produits d’origine rwandaise. Résultat : ils entrent dans les circuits commerciaux classiques et perturbent le commerce légal, selon le Groupe d’experts de l’ONU.

    Le Rwanda, un hub régional ?

    Le Rwanda affirme posséder ses propres réserves de minerais dits « 3T » – le coltan, la cassitérite et le tungstène. Contrairement à l’est de la RDC, souvent associé à une exploitation artisanale désorganisée, marquée par l’ingérence de groupes armés et de certains fonctionnaires corrompus, le Rwanda se présente comme un modèle de bonne gouvernance minière. Le pays dit avoir mis en place un secteur réglementé, formalisé, avec des investissements dans des infrastructures modernes : usines de traitement, systèmes de traçabilité, et même certification internationale des minerais. Et ce n’est pas tout : Kigali affiche clairement son ambition de devenir le hub minier régional. Pour y parvenir, le pays s’est doté d’une fonderie d’étain, d’une raffinerie d’or et même d’une raffinerie de tantale.

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