
RDC-Rwanda: les minerais de la discorde ?
No se pudo agregar al carrito
Add to Cart failed.
Error al Agregar a Lista de Deseos.
Error al eliminar de la lista de deseos.
Error al añadir a tu biblioteca
Error al seguir el podcast
Error al dejar de seguir el podcast
-
Narrado por:
-
De:
On poursuit ce mercredi 16 juillet notre semaine consacrée aux effets des guerres et des conflits sur les matières premières. Aujourd'hui, on se penche sur les minerais de la discorde entre la RDC et le Rwanda.
Pour Kinshasa, le conflit avec le Rwanda est avant tout lié aux minerais, une lecture contestée par Kigali et l’AFC/M23. Pourtant, pour de nombreux experts, ces ressources jouent aussi un rôle central dans la crise. Alors, de quels minerais parle-t-on ?
On désigne principalement trois ressources très convoitées, appelées les « minerais 3T ». D’abord, il y a le coltan. C’est un mot formé à partir de colombite et de tantalite. Il contient du tantale, un métal rare utilisé pour fabriquer les condensateurs dans nos téléphones portables, nos ordinateurs et d’autres appareils électroniques. Ensuite, la cassitérite, à la base de la production de l’étain, utilisé dans les soudures et l’emballage. Et enfin, le tungstène, qui sert notamment à fabriquer certaines armes, des outils de forage et des pièces pour l’aéronautique. Ces minerais sont indispensables à l’industrie mondiale. Et comme ils se trouvent en abondance dans l’est de la RDC, leur exploitation artisanale attire des groupes armés et des réseaux de contrebande, souvent liés à des intérêts venus de l’étranger. On ne peut pas non plus oublier l’or, une vraie valeur refuge. Plus discret, plus facile à transporter, mais aussi plus difficile à tracer, il alimente aussi de nombreux circuits parallèles, parfois encore plus lucratifs.
Et l’AFC/M23 dans tout ça ?
Il faut dire que la zone contrôlée par l’AFC/M23 touche directement la frontière avec le Rwanda. Et ce n’est pas un détail anodin. Depuis plusieurs années, le Rwanda est une des principales voies de sortie pour certains minerais extraits dans l’est de la RDC. Prenons un exemple concret : la région de Rubaya, l’un des bastions miniers passés sous le contrôle de l’AFC/M23. D’après des estimations officielles, Rubaya à elle seule représenterait entre 15 et 30 % de la production mondiale de coltan. Rien que ça. Et selon le groupe d’experts de l’ONU, sur le terrain, les opérations minières sont étroitement surveillées par les combattants de l’AFC/M23. Le groupe encadre les activités d’extraction, supervise les sites de lavage des minerais, et garde la main sur plusieurs centres de négoce. Selon des sources onusiennes, l’AFC/M23 a transporté plusieurs centaines de tonnes de coltan, de cassitérite et de wolframite depuis des sites à Goma, Bukavu et Nyabibwe. Une fois au Rwanda, ces minerais ne restent pas tels quels. Ils sont mélangés à la production locale, ce qui permet de les faire passer pour des produits d’origine rwandaise. Résultat : ils entrent dans les circuits commerciaux classiques et perturbent le commerce légal, selon le Groupe d’experts de l’ONU.
Le Rwanda, un hub régional ?
Le Rwanda affirme posséder ses propres réserves de minerais dits « 3T » – le coltan, la cassitérite et le tungstène. Contrairement à l’est de la RDC, souvent associé à une exploitation artisanale désorganisée, marquée par l’ingérence de groupes armés et de certains fonctionnaires corrompus, le Rwanda se présente comme un modèle de bonne gouvernance minière. Le pays dit avoir mis en place un secteur réglementé, formalisé, avec des investissements dans des infrastructures modernes : usines de traitement, systèmes de traçabilité, et même certification internationale des minerais. Et ce n’est pas tout : Kigali affiche clairement son ambition de devenir le hub minier régional. Pour y parvenir, le pays s’est doté d’une fonderie d’étain, d’une raffinerie d’or et même d’une raffinerie de tantale.
À lire aussiRDC-Rwanda: «Cet accord est basé sur le principe du retrait du Rwanda du Congo», note Jason Stearns
À lire aussiEst de la RDC: à quel point le conflit est-il lié aux minerais du sous-sol congolais?