Certains amours transcendent le temps et les épreuves. Certains duos ne sont pas seulement des couples, ils deviennent des légendes. Johnny Cash et June Carter, c’est une histoire d’amour et de musique, un lien indéfectible forgé dans les éclats de rire, les duels sur scène, les lettres passionnées et les silences lourds de sens. Un amour plus grand que leurs failles, plus fort que leurs tourments, et dont chaque chanson est une déclaration, chaque regard un serment.
Dans cet épisode de À Deux, C’est Mieux, Sara Rodriguez vous emmène dans la vie d’un couple incandescent, où la passion brûle autant que le désir de se sauver l’un l’autre. Leur première rencontre, en 1956, est comme un coup de tonnerre. Johnny Cash, encore jeune étoile montante de la country, est foudroyé par June Carter, cette femme à l’énergie magnétique, au sourire désarmant et à l’humour ravageur. Dès les premiers instants, il lui dit : "Je vais t’épouser un jour." Elle rit, mais quelque chose en elle vacille. Il est marié, elle aussi. Mais leurs âmes viennent de s’accorder sur une même fréquence, et plus jamais ils ne pourront s’ignorer.
Sur scène, ils deviennent un duo explosif. Leur complicité est immédiate, une évidence qui défie les conventions et les résistances. Ils se cherchent, se défient, jouent à s’aimer sans pouvoir encore s’appartenir. Mais leur amour est déjà là, dans les accords de guitare qu’ils échangent, dans les regards furtifs, dans la chaleur qui émane de chaque duo.
Puis vient Ring of Fire, la chanson qui scelle leur destin. June l’écrit alors qu’elle tente encore de lutter contre ses sentiments.
Ces mots sont ceux d’une femme qui sait qu’elle est perdue. Elle aime Johnny, mais elle voit aussi les démons qui l’assaillent : ses addictions, ses nuits d’excès, sa descente aux enfers. Elle craint qu’il l’entraîne avec lui, et pourtant, elle ne peut plus reculer. Johnny enregistre la chanson en 1963, y ajoutant les trompettes mariachi qu’il entend dans un rêve. Le morceau devient un hit, un symbole de leur passion interdite.
Mais l’amour qu’ils portent l’un à l’autre est aussi un combat. June refuse de le voir sombrer. Elle est là dans les pires moments, l’encourageant à se relever, à combattre ses dépendances, à redevenir l’homme qu’elle sait qu’il peut être. En 1968, après des années de lutte, Johnny demande June en mariage sur scène, devant des milliers de spectateurs. Cette fois, elle dit oui.
Leur mariage marque le début d’un second souffle, un équilibre fragile entre tournée et moments d’intimité. Ils enregistrent ensemble des duos mythiques comme Jackson et It Ain’t Me, Babe, partagent une maison, des enfants, des rires et des tempêtes. Ils vieillissent ensemble, s’accrochent l’un à l’autre à travers les hauts et les bas.
Mais l’amour ne met pas à l’abri du temps. Le 15 mai 2003, June s’éteint dans son sommeil. Johnny est anéanti. "Quand June est partie, il ne me restait plus rien à faire, sauf la rejoindre," confiera-t-il à ses proches. Pourtant, il lui reste un dernier hommage à rendre.
En août 2002, il enregistre Hurt, une reprise du groupe Nine Inch Nails. À l’origine, la chanson parle de l’autodestruction et du regret. Mais dans la voix de Johnny Cash, c’est une confession, un adieu.
"What have I become, my sweetest friend?
Everyone I know goes away in the end."
("Qu’ai-je donc fait de moi, mon plus cher ami ?
Tous ceux que j’aime finissent par partir.")
Dans le clip, il est filmé, fragile, le regard fatigué, entouré des souvenirs d’une vie entière. Des images de June apparaissent, comme un fantôme bienveillant. Il sait qu’il est au bout du chemin.
"You could have it all, my empire of dirt,
I will let you down, I will make you hurt."
("Tu pourrais tout avoir, mon empire de poussière,
Je te décevrai, je te ferai souffrir.")
Quelques mois plus tard, Johnny Cash meurt à son tour, le 12 septembre 2003. Il la suit, comme il l’avait toujours promis.
Dans cet épisode, Sara vous raconte l’histoire d’un amour qui a tout traversé. Une histoire de musique, de feu et de lumière, où les âmes s’embrasent et s’éteignent ensemble. Johnny et June, c’est la preuve que certaines âmes sont faites pour s’accorder.