L’écrivain Ngugi Wa Thiong'o «a payé son courage par la prison», estime l'écrivain Jean-Pierre Orban Podcast Por  arte de portada

L’écrivain Ngugi Wa Thiong'o «a payé son courage par la prison», estime l'écrivain Jean-Pierre Orban

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L'écrivain kényan Ngugi wa Thiong’o s’est éteint ce mercredi 28 mai, à 87 ans. Mondialement connu, régulièrement pressenti pour le prix Nobel de littérature, il a connu la prison dans les années 70 dans son pays. Profondément marqué dans sa jeunesse par la colonisation britannique, il avait fait le choix d’abandonner l’anglais pour écrire dans sa langue natale, le kikuyu. L’écrivain français Jean-Pierre Orban a co-traduit le premier volume de son autobiographie. Il est l’invité de Pierre Firtion. Jean-Pierre Orban : C'était un homme adorable, mais c'était un homme très courageux et il s'est battu avant l'indépendance. Il s'est battu après contre le pouvoir kényan qui avait pris les rênes du pays et qui, pour lui, était corrompu. Il y avait des abus et c'était un homme qui a payé son courage par la prison. C'est là où il a écrit sur du papier toilette l'un de ses premiers romans en fait. Et puis, il a décidé, au sortir de cette prison, de n'écrire que dans sa langue. Après ça a évolué. Mais c'était une prise de position très courageuse parce qu'on sait qu’écrire en Kikuyu, ça n'allait pas lui ouvrir les portes des maisons d'édition, sauf les maisons d'édition locales, surtout à l'époque.Donc, c'était un choix difficile, un choix politique, un choix idéologique, un choix psychologique aussi, puisqu'il l'a théorisé après dans Décoloniser l’esprit - ça a été traduit en français - où il explique que tant que l'on parle la langue de son colonisateur, on n'est pas complètement décolonisé. Ça a été adopté par d'autres écrivains africains, mais il était le premier à faire ce pas. Pas le premier à écrire dans sa langue maternelle, mais le premier de son ampleur à prendre cette position.RFI : Il prend cette position aussi parce qu'il est très marqué par la colonisation britannique ? Il est très marqué par la colonisation britannique. Le volume que j'ai traduit raconte son enfance dans cette colonie. Les combats, ça a été une décolonisation, un combat pour l'indépendance qui a été très dur au Kenya, et il parle de ça. Il parle de son combat personnel dans cette autobiographie, un combat en tant qu'enfant, mais en fait son parcours difficile à travers les écoles, jusqu'à arriver à une école secondaire assez prestigieuse pour les Africains. C'est un combat politique, c'est un combat populaire, mais c'est un combat personnel aussi de libération, d'autonomie de la personne à travers ces combats collectifs.La langue qu'il a apprise parfaitement et où il était brillant, il a pris le parti de se libérer de cette langue. À un moment donné, ça a été difficile pour lui parce qu'il était professeur aux États-Unis, et il écrivait des articles de recherche académique -écrire en kikuyu, dans une revue scientifique américaine, c'est un peu difficile... Mais il a continué en dehors de ces essais, pour ses romans, il a continué à les écrire en kikuyu et à les traduire lui-même, en anglais. Est-ce que jusqu'à la fin de sa vie, il avait conservé cet esprit-là de combat ? Oui, les interviews qu'on a faites après la publication du volume de son autobiographie, le montraient toujours autant combatif. Ce n'était pas un fou furieux. C'était quelqu'un de très très doux, mais très ferme dans ses opinions. C'était un homme d'une intégrité assez extraordinaire. Il était nobélisable. Chaque année, on parlait de lui pour le Nobel. Il aurait pu flatter plus les maisons d'édition, le monde culturel, etc. Non, il est resté. Il est resté lui-même en fait, voilà.Et donc il va faire le choix, après avoir connu la prison, de s'exiler au Royaume-Uni d'abord, et ensuite, il va partir aux États-Unis, et c'est là où il va faire sa carrière en fait...Je crois qu'il n'avait pas le choix. Il devait partir. Donc, il devait partir pour sauver sa vie. Il devait partir. Il part d'abord en Europe et puis aux États-Unis, où il fait une carrière universitaire à New York, puis en Californie, à l'université d’Irvine où il fait une carrière assez brillante. Mais il revient en 2004 et c'est une tragédie la vie de Ngugi, parce qu'il revient en 2004 au Kenya, après la disparition de (Daniel arap) Moi qui l'avait mis en prison. Et là, on lui reproche d'avoir quitté le pays, de s'être exilé en fait. Et puis il se fait attaquer et sa femme se fait violer par des gangsters à la solde très vraisemblablement du pouvoir. Et puis donc, il repart de nouveau, lui qui essayait de revenir au pays, de renouer avec sa terre, c'était une tragédie à nouveau personnelle terrible.Une dernière question. Vous le disiez à plusieurs reprises, il a été pressenti pour obtenir le prix Nobel de littérature. Comment est-ce qu'on pourrait décrire en quelques mots son œuvre ? Écoutez, son œuvre, elle est très ample, elle est très, très large. Elle comprend des romans, beaucoup de théâtre, des essais ...
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